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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/28

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

femme, ce n’est pas le plus fort qui triomphe, c’est celui qui a la conviction de l’être et qui fait croire ainsi qu’il est le plus fort.

Ô femme, tu seras vainqueur ou vaincue, et songe bien que tu as toutes les chances pour être vaincue. À peine entrée dans la vie, te voilà soumise à tous les désirs, à toutes les tentatives, à tous les marchés. Les hommes t’environnent, ils t’assiègent, ils te pressent. Comment résisteras-tu, toi qui ne sais rien, comment te sauveras-tu, toi qui désires te perdre ? Car tu te fais une douce gloire de ta faiblesse, de ta docilité, de ta tendresse, de tout ce qui doit te livrer sans résistance à tes ennemis.

Tu pénètres dans un haras où il y a mille chevaux de races différentes. Tu dois te faire des jarrets solides, avoir le regard clair et fixe, la voix qui ne tremble pas, prendre une cravache, la faire siffler et, écuyère au cœur ferme, dompter les bêtes.

Dans ce haras, il y a des pur sang et des chevaux fourbus. Il y a des animaux aux pattes fines, aux naseaux frémissants, tout fiers de la noblesse de leur sang, qui se cabrent sous les coups et que l’éperon ne mate pas. Il y en a qui sont accoutumés à traîner des fardeaux et qui gardent des traces de