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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/33

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

prendre cela à son amant. Il faut, hélas ! lui jurer qu’on n’a jamais aimé son mari, qu’on n’a plus aucune affection pour lui, même qu’on le hait d’une haine terrible. Des considérations de famille, d’enfants, vous retiennent seules auprès de lui. On ajoute que ce mari bizarre ne vous embrasse jamais, même le bout des doigts. L’on dort auprès de lui, dans une longue chemise fermée et sans le moindre effleurement. Il est à remarquer, du reste, que, malgré l’invraisemblance de cette affirmation, l’amant le moins crédule accueille vos paroles et les croit rapidement, tant on est vite persuadé de ce qu’on désire.

Il demandera quand a commencé cet état de choses. Il faut défaillir alors dans ses bras, cacher sa tête sur son épaule et dire qu’on ne se souvient plus de rien. Il croira encore à cette étonnante perte de mémoire.

Pour appuyer ses discours, il faudra se laisser découvrir, caresse par caresse. L’homme a le goût de l’initiation. Il doit croire qu’il nous révèle tout ce que nous savons depuis longtemps. On s’étonnera donc, on se choquera, on s’émerveillera tour à tour de certaines audaces ; on n’en aura soi-même que prudemment, par degrés.

Il faudra amener pourtant son amant aux choses