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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/77

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Que se passa-t-il dans l’esprit de Miette ? Fut-elle piquée de penser que quelqu’un pût la confondre sérieusement avec une misérable fille de la rue ? Souffrit-elle de cette comparaison ou sa curiosité fut-elle intriguée par la fatuité de Louis B… et les prétendues voluptés qu’il lui avait données ?

Ses amis ne le surent pas. Mais elle fut, durant deux jours, de fort mauvaise humeur et elle se décida au bout de ce temps à donner entière satisfaction à Louis B…, cette fois sans réserve, en pleine lumière. Elle quittait Luchon quelques jours après, mais elle demeura jusque-là la maîtresse attitrée de Louis B…, et celui des deux qui avait le plus d’amour était certainement elle.

Louis B… dit souvent d’elle, après son départ :

— Cette petite femme était charmante. Mais je n’ai eu vraiment de plaisir avec elle qu’une seule fois : c’est le premier soir, et cependant je n’ai pu voir ni son visage, ni rien d’elle, vu que nous sommes demeurés dans la plus complète obscurité.

Je me suis émerveillée du rôle qu’avait joué pour ce jeune homme le sentiment de la vanité satisfaite. Elle avait suppléé, chez lui, à l’agrément des caresses de la maîtresse désirée et avait permis pour ses sens la plus fâcheuse confusion. Je me