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Page:L’Ermitage - 1906, tome 2, juillet-décembre.djvu/186

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Après son départ, les jeunes filles, restées seules avec moi, se laissèrent engager pour un nouveau punch, et après m’avoir vu au lit, vinrent me faire enrager, disoient-elles ; mais d’abord que ma fille s’endormit tout de bon, je n’ai pas eu la bassesse de laisser employer pour la seconde fois ce stratagème à ma chère Guillelmine. J’ai clairement vu que je pouvois compter sur sa tendresse et je ne me suis trompé. Je lui ai tenu le langage de l’amour dans les termes les plus expressifs sans attendre ses réponses, et ne venant au grand fait que lorsque j’ai entendu ses gémissements. Elle se donna à moi sans se soucier que Jacomine sur son séant se tint attentive, et étonnée à regarder ce que nous faisions. A la fin du doux combat, Jacomine devint l’objet de toutes nos caresses, et nous n’eûmes aucune peine à nous assurer de sa discrétion ; mais elle voulut être informée de tout, et voir de très près comment la chose se faisoit. Nous dûmes dans les jours suivants satisfaire à toute sa curiosité. J’ai tenté en vain de la convaincre qu’il m’étoit impossible, à cause de son âge, de lui faire le même traitement ; elle m’appelloit à l’épreuve : elle me faisoit pitié. Guillelmine enfin se crut obligée à lui dire qu’il étoit vraisemblable qu’elle fût ma fille, et que je ne devois pas me mettre dans le risque de commettre une scélératesse qui nous rendroit tous les deux malheureux pour toute notre vie. Elle en eut horreur et par ce moyen elle devint raisonnable éteignant son feu comme elle pouvoit. Ce que la nature l’excitoit à faire ne pouvoit qu’augmenter ma volupté, et Guillelmine ne pouvoit pas trouver mauvais des badinages dont elle tiroit le meilleur parti. Mais voici un événement très heureux pareil à plusieurs autres qui me rendirent superstitieux.

Le lendemain à table Mariuccia me rappela à la mémoire le bonheur qu’elle avoit eu à Rome de me donner un numéro, que j’avais joué, et qui étant sorti avoit fait gagner toute la compagnie. Jacomine dit qu’elle avoit un numéro dont elle étoit sûre, et sans attendre qu’on lui demande quel numéro c’étoit, elle nomma le vingt-sept. Mariuccia fit un cri se souvenant aussi bien que moi que le numéro qu’elle m’avoit donné il y avoit alors dix ans étoit le vingt-sept.

Il n’a pas fallu davantage ; j’ai dit que je voulois d’abord le jouer : Clément dit qu’à Frascati on ne pouvoit plus jouer, qu’il faudroit l’envoyer jouer à Rome. On tiroit la loterie le {{tiret|sur|lendemain.}