Page:L’Evénement Rennais - n°1, 1903-06-18.djvu/2

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce jour là elle recevra encore 5,000 fr.

Le Conseil décide que M. le Maire entendra M. Prugnaud, afin de savoir si la Compagnie accepterait cette transaction.

Il est encore question de quelques broutilles sans importance et la séance est levée à 10 heures et demie. Il y avait longtemps que ça n’était arrivé.

On nous assure qu’à l’issue de la séance M. Andrieu aurait demandé au Maire, une nouvelle bourse pour un de ses fils.

L’huissier de service.

Poussières de Rennes


Le Mail


Un tumulte incessant, monte, s’épand, s’élargit, plane, puis roulé par les courants aériens, tournoie, culbute s’entre choque, rebondit et s’en va furieusement emporté vers les lointains muets, mettre en la solitude la voix tentatrice des lieux enchantés.

La foule concrète, diaprée, multiforme, accourt, s’insinue, curieuse, pleine de joie épanchée, de colère la tente. Elle rit, regarde, touche, insatiable, défiante, et malgré tout naïve, se laisse prendre à la glue dissimulée sous le feuillage.

En prélude et en plein-vent, des équilibristes, des jongleurs, des athlètes, font montre de leurs talents devant un cercle de curieux. L’un, sur son menton soutient douze chaises enchevêtrées ; l’autre expose ses biceps et ses pectoraux gonflés et tendus par un poids de quarante kilos, le tout agrémenté par la sérénade discordante d’un guitariste ou d’un tambourineur.

Plus loin, crépitements d’une fusillade terrible, grincements de roue des loteries, appels et lazzis des marchands, chants nasillards des phonographes, odeurs de graillons et de ripopées, parfums des confiseries, cuisine prodigieuse qui brasille, mijote, boue et fume.

Ici, les baraques foraines. Habitacles enlignés, parés de lambrequins et de toiles peintes, réceptacles des choses les plus disparates, et les plus curieuses, capharnaüm universel.

Cirques d’animaux, où chats et chiens, singes et perroquets, plus savants que des hommes, se meuvent, s’agitent, pirouettent en mesure sur un ordre bref de leur écuyer, font la joie des enfants et tressaillir d’aise les mêmes de Darwin.

Théâtres de tableaux vivants, résurrection des faits célèbres de l’histoire, de la mythologie et des religions.

The musical Cinématographe, annonce celui-ci, avec un accent terrible semblant venir des antipodes, et, impassible, il vous prononce « The musical Cinematographe », comme un Français qui n’a jamais dépassé les limites de son village.

Théâtre Idéal, Bioscope. Un peu d’illusions, de rêves, d’idéal, de sensations multiples et étranges, spectacle ou l’on se précipite comme dans tout ce qui brille.

Ménagerie, rugissements de lions, de panthères et de tigres, hurlements de hyènes et de chacals, grognements d’ours, odeurs fétides. Près du belluaire au regard d’acier, une jeune fille exhibe un serpent énorme, encercle son corps de ses anneaux puissants. Le reptile engourdi devient pour elle, bracelet, écharpe, collier, bijou tentateur. Ève et le serpent !… Quatre bonshommes s’époumonent dans des cuivres rouillés, lancent des harmonies de bastringue, tandis que la foule monte, avec le secret désir de voir, à cette représentation, le dompteur dévoré.

Balançoires, carrousels exécutent leurs évolutions au son de la marche de Sambre-et-Meuse, ou des Petits Pierrots. Les passants émoustillés, rêvent de charges guerrières, de gambades folâtres, enjambent le dos de bois d’un fringant coursier et les pieds à l’étrier, les rênes en mains, la tête haute et bombant le torse, se donnent l’illusion d’une chevauchée des Walkyries.

Tout un monde fourmille, grouille, raille et braille. Tout un monde va et vient, monte, descend, s’assied, se lève, écoute, furète, se heurte, s’amalgame, admirant et glosant, intelligent et stupide, exquis et grossier, probe et malhonnête.

Une chaleur torride écrase et ploie les corps, rend les esprits veules, dulcifie l’âpreté des caractères, crée l’atonie. La poussière remuée, poussée, frappée, monte, condensée en nuages diaphanes, blanchit choses et gens, et au-dessus des têtes, tourbillonne, scintille sous la clarté solaire, en un halo pharamineux.

Au soir, tout brille et devient or, lanternes et quinquets, électricité et gaz, s’étendent en rampes lumineuses, mettant de capricants reflets aux glaces et aux cuivres. Pitres et clowns semblent plus hilares et plus grotesques sous le fard avivé des réverbérations proches ou lointaines. Péplums et chlamydes aux plis amples, donnent plus de majesté et de vraisemblance aux héros chaussés de cothurnes, drapés de toges, endiadémés de perles. Public qui passe, va pour deux sous, voir rire et s’amuser des êtres qui n’ont nul envie de rire, entre te dilater la rate, inconscient du second drame joué dans la coulisse, d’une larme brillant dans l’œil de celui qui ricane pour gagner son pain. Deux sous de rires, pour vivre ; les larmes ne se vendent pas. Pitre, tu pleureras demain !

Oripeaux et paillons se trémoussent davantage sur les tréteaux, attisant la curiosité, accumulant les forces ; dans l’ombre, en regardant bien, on peut voir circuler aussi et s’agiter, des amours, des haines, des drames bur lesques et des faces sinistres. Mais nul ne voit à côté de lui. Seuls montent vers tes régions astrales des propos de folies accompagnés d’une musique sabbatique…

André Doria.

Prime à nos lecteurs

Toutes les personnes qui s’abonneront à « L’Evénement Rennais » dans nos bureaux du 18 Juin au 21 Juin, recevront à titre absolument gratuit « Les Mémoires d’un soldat au Tonkin », de notre directeur M. Ulric Guttinguer, préface de Jules Claretie, de l’Académie Française, volume de 390 pages, du prix de 3 fr. 50.


Les Grands Mariages

Jeudi dernier a eu lieu le mariage de Mlle Emilie Massavy d’Armancourt, avec M. Félix Le Bras, greffier à Lamballe.

La cérémonie civile a eu lieu dans la salle des têtes où M. Beaufils a fait, en termes charmants, l’éloge des jeunes époux.

A 11 h. M. l’abbé Robert leur donnait la bénédiction nuptiale après avoir, prononcé une allocution très remarquée, dans laquelle il a souhaité aux époux, de vivre dans la paix du Seigneur et de suivre les exemples chrétiens qui leur ont été donnés par leur famille.

Les témoins de Mlle Emilie Massavy d’Armancourt étaient M. Victor Massavy d’Armancourt frère de la mariée et M. Robert, son oncle ; ceux de M. Félix Le Bras, étaient M. Le Cornée et M. Nicolas, oncle et cousin de la mariée.

Charmante et distinguée, la jeune mariée portait une toilette exquise en crêpe de chine blanc garnie de dentelle et mousseline de soie.

Nous remarquons Mme Le Bras, mère du marié dans une élégante toilette de satin noir garni de pampille de jais. Mme Robert, en voile noir garni de jais sur transparent blanc ; Mme Ch. Beaufils, robe pompadour rose et bleue soulignée de velours noir, jolie boléro en guipure bis ; Mme Follet, robe voile champagne, entre-deux en dentelles ; Mme Baune, en satin noir, garni de guipure écrue ; Mme Gérard, en satin noir, et mousseline de soie piquée ; Mme Poisson en satin broché noir, Mlle Lemonier, ravissante dans une jolie robe de voile noir avec empiècements blancs ; Mme Durocher en soie noire et dentelle écrue ; Mme Biel en satin broché ; Mlle de Villeneuve, d’une élégance rare, dans sa ravissante toilette de soie rose, rayée de blanc, etc, etc.

La quête était faite par Mesdemoiselles Robert, l’une portant une délicieuse toilette en serge vieux bleu et l’autre, bleu pâle, accompagnées de MM. Nicolas, parents de la mariée, par Mlle Pochon, élégante dans une jolie toilette en voile gris perle et mousseline de soie, accompagnée de M. Guitto, et enfin par Mlle Madeleine Gérard, charmante dans une toilette de crêpe de chine crème, garnie d’entre-deux chantilly, accompagnée de M. Le Bor.

Pendant la messe, M. Collin, le distingué organiste de Notre-Dame, a fait entendre au grand orgue ses plus ravissantes improvisations, M. Fernand Beaufils a fait également chanter son violoncelle pour le plus grand plaisir de l’assistance.

Au défilé de la sacristie nous remarquons Mme et M. Le Chartier, Mme Chevalier, Mme Yenoch, Mlle et M. Coignerai, Mme et Mlle Jobbé, Mme et Mlle Chery, Mme et Mlle Famin, Mme Derval, Mme et Mlle Pontieu, Mme Pochon, Mme et M. Duval, Mme Thomas, etc, etc.


Mardi dernier a été célébré à l’Eglise Notre Dame, le mariage de Melle de Prévoisin, l’une des filles de M. de Prévoisin, inspecteur des postes en retraite, avec M. Chauvin, propriétaire à Montargis.

Les témoins étaient pour le marié, M. de Forges ancien ministre plénipotentiaire, commandeur de la Légion d’honneur, et M. le colonel Lucas, chevalier de la Légion d’honneur, directeur de l’Arsenal de Rennes.

Les témoins de Melle de Prévoisin étaient : M. le Vicomte de Prévoisin, lieutenant au 48e de ligne, son frère, et M. de Tréverret, maire d’Acigné, son cousin.

Tout ce que Rennes compte de grands noms assistait à la cérémonie qui a été très brillante. Les toilettes étaient merveilleuses, indépendamment de la toilette de la mariée, délicieuse de richesse et de simplicité, on a beaucoup remarqué celle de Mme la Marquise de Prévoisin, en taffetas champagne, entièrement recouverte de chantilly blanc, et, disposés avec un goût parfait, de délicieux motifs noirs avec incrustation de broderies écrus, rebrodées en noir.

Mesdemoiselles de Prévoisin, sœurs de la mariée étaient délicieuses dans leurs robes en toile de soie rose, ornées d’entre-deux de Valenciennes et de mousseline de soie. Ces dernières toilettes sortaient de la maison Cadet, c’est tout dire.


Mercredi dernier a eu lieu à l’église St-Michel de St-Brieuc, le mariage de Mlle Anne Penczon-du-Sel-des-Monts, nièce de l’ancien dirècteur de la Banque de France à Rennes, avec M. Henri de Saint-Méloir, propriétaire à Sens.


On annonce pour le 2 juillet le mariage de Mlle de Coniac, fille de Mme Pelage de Coniac, née de Breuilpont, avec M. de Casteix, lieutenant de Chasseur Alpins.

M. de Casteix est le petit neveu du général de Casteix qui fut non seulement un soldat héroïque, mais un historien, ayant publié des mémoires remarquables sur l’époque napoléonienne.


Nous sommes heureux d’apprendre le prochain mariage de M. Edmond Gérard, le fils de notre sympathique concitoyen M. Félix Gérard avec Mlle Chery. Le mariage aura lieu à Paris.

Lucette.

Le Champ Dolent

Dolent, dit le dictionnaire Larousse : triste, plaintif. Et de fait, l’appellation de ce quartier, vient de ce que jadis, cette partie du vieux Rennes était occupée par les bouchers, et que, lorsque vaches, génisses, veaux, bœufs, moutons se trouvaient réunis, on entendait plus de mugissements et de bêlements que de duos d’amour.

Or, ami lecteur, vous savez peut-être que l’administration a décidé, dans une des dernières réunions du Conseil municipal, de mettre en vente le petit trapèze de terrain qui est en bordure de la rue Poullain-Duparc. C’est là une excellente idée qui profitera aux propriétaires de cette dernière rue, mais qui, vraisemblablement n’aura pas l’heur de plaire aux malheureux habitants du Champ Dolent, qui lorsqu’une ou plusieurs bâtisses seront construites, seront à jamais privés d’air et de soleil. Mais enfin c’est la vie : il est entendu que le malheur des uns doit toujours faire le bonheur des autres et vice-versa, et nous ne pouvons pas trop récriminer.

Du reste ce n’est pas pour cette constatation plutôt pessimiste que nous écrivons cet article. Nous voudrions vous prier lecteur, le jour où vous aurez quelque velléité de flânerie, d’aller jeter un coup d’œil sur le terrain en question, on n’a pas mis d’écriteau pour indiquer que les lots étaient à vendre, mais on a barricadé le terrain d’une façon très réjouissante.

Après une clôture en palisseaux, qui du reste n’a duré que le temps nécessaire pour la brûler ; La Voirie s’est dite qu’il fallait songer à quelque chose de plus sérieux, et il y a quelques mois, on voyait des hommes graves et galonnés aidés de cantonniers, enfoncer des pieux et présenter comme clôture deux rangs de ronces artificielles !!! on craignait sans doute que les mânes des troupeaux jadis abattus dans ce quartier ne reviennent terroriser notre bonne ville.

On s’aperçut pourtant que ce mode de clôture présenterait quelques difficultés. En effet, en bordure d’un trottoir, en pleine ville, voyez-vous une dame accrochant sa robe aux ronces artificielles ? Que faire alors ? On imagina de relier les pieux enfoncés avec des perches d’échafaudages, au moyen de fils de fer. On peut aujourd’hui voir ces perches peintes aux couleurs nationales — car elles ont servi jadis de mâts pour nos fêtes — faire un enclos peu banal dans cette partie de la ville. Cela représente à peu près un parc à bestiaux. Il est vrai que c’est dans le Champ Dolent.

Depuis, cette clôture sert à un usage que bien certainement notre bonne ville de Rennes n’avait pas rêvé. Ce barrage de parc est devenu un séchoir public.

Le jeudi surtout, lendemain de la lessive, on peut voir des jupons, des culottes, des torchons, serviettes, des draps de lit, et parfois même des paillasses ou des matelas, étendus sur le bienfaisant fil de fer.

Voyons, le quartier n’est déjà pas si affriolant et ne pourrait-on empêcher ce déploiement de linge ?

Jeudi nous signalerons d’autres quartiers où l’hygiène et la police auraient beaucoup à faire.

Jivoy, clerc.

Visiter la Salle des Dépêches de L’ÉVÈNEMENT RENNAIS.


Un Actionnaire du “Réveil Breton”

M. Sacher est un brave homme, mais il est bavard comme ma concierge, et surtout gobeur au suprême degré.

Il suffit de lui dire sérieusement le plus colossal des paradoxes pour qu’il le prenne comme argent comptant et aille le répéter à 200 personnes, de 10 heures à minuit, de la place de la Mairie à la ruelle St-Cyr. M. Sacher est une publicité vivante.

Voici le dernier potin qu’il a colporté.

M. Pinault se serait défendu de subventionner l’Evénement Rennais, disant qu’il lui suffisait d’avoir souscrit pour mille francs au Réveil Breton.

Je ne sais si l’honorable maire de Rennes a fait cette confidence à M. Sacher, mais s’il l’a faite, c’est dans un moment de gaîté et pour pratiquer le jeu du paradoxe.

Car enfin il faut être M. Sacher pour croire que M. Pinault subventionnerait un journal qui déverse chaque jour sur lui les injures et les reproches les moins fondés.

Non, laissez moi rire ! C’est comme si M. Pinault subventionnait les Nouvelles Rennaises. Qui pourrait le croire ?

Quant à l’Evénement Rennais, malgré les affirmations de notre confrère M. Morin, il n’est pas le journal de M. Pinault. L’Evénement Rennais est le journal de tous ceux qui, ayant confiance dans son succès ont assuré sa vie par la grande souscription qui partait de la rue de Nemours pour se terminer à Chantepie.

U.G.

LES CONCOURS du CONSERVATOIRE


Depuis le mercredi 10 juin, sont commencés, au Conservatoire, les concours, à huis-clos, de fin d’année.

Les concours publics auront lieu salle des Fêtes de l’Hôtel de ville, du 22 au 29 juin.

Voici les récompenses décernées :

Solfège, (jeunes filles), 3e division.
1res Mentions. — Melles Odette Dhérin, Germaine Pellegrin, Marguerite Quinquenel, Simonne Charpentier, Germaine Bourillon, Marthe Binard.
2es Mentions. — Melles Marie-Ange Labbé, Yvonne Martin, Valentine Letrot, Emilie Coué, Clémence Becdelièvre, Lucienne Guesnier, Jeanne Grècel, Suzanne Parent, Yvonne Cholley.

Le jury était composé de MM. Boussagol, président ; Gross, Bogé, Dierolf, Harel.

Concours du jeudi 11 juin.

Solfège. (jeunesfilles), 2e division. 1er Accessit. — Mlles Marie Guéguen, Renée Hamon, Renée Bryhaie, Madeleine Suire.

2e Accessit. — Maria Neustœckel, Amélie Nitsch.

3e Accessit. — Ernestine Malagré, Pauline Larchevêque, Madeleine Mauger.

1re Division. — 2e Prix : Mlles Marguerite Andouard, Lætitia Billette, Marcelle Durand, Marie Kamm,

1re Accessit. — Arméline Le Port, Cécile Tirvaudet, Léontine Leray.

2e Accessit. — Adèle Malan, Marguerite Lefeuvre, Rosalie Dessaudres.

Le jury était composé de MM. Boussagol, président, Gross, Bogé, Mercier, Lamiré.

Concours du samedi 13 juin.

Solfège préparatoire. (Jeunes filles).

lres Mentions. — Célestine Bailly, Marie Demay.

2e Mentions. — Maria Briand, Madeleine Galland.

Mentions. — Gabrielle Galland, Pauline Pérou, Madeleine Sauvage, Christiane Gaultier.

1res Mentions. (Garçons), Henri Cherruault, Alfred Duhail, Marcel Fresnel, H. Marmignon, Marcel Letendre, René Letendre, Maurice Déchaux.

2es Mentions. — Julien Heulot, Ernest Guenée, Marcel Le Roux, Marcel Guillet.

Mentions. — François Lejeune, Pascal Martin, Adolphe Chapin.

Le jury était composé de MM. Boussagol, président, Gross, Bogé, abbé Lepage, Durieux, Lamiré, Harel, secrétaire.

Concours du Lundi 15 Juin.

Violon préparatoire.

1re Section, 1res Mentions. Lucienne Guesnier, élève de Mlle Lamballais ; Maurice Déchaud élève de Mr Castel.

2e Mention, Charles Guibert, élève de Mlle Carissan.

2e Section, Mentions. René Letendre, élève de Mr Castel ; Célestine Bailly, élève de Mlle Lamballais ; Alfred Duhail, élève de Mlle Carissan ; Marcel Letendre, élève de M. Castel ; Anne Lemaistre, élève de Mlle Lamballais.

Violon. — 3e division, professeur Mr Baudry.

1re Section : 2e mentions, Maurice Bourrée, Georges Le Mounier, Lucie Durand, Madeleine Luire.

2e Section : mentions, Raoul Bocéno, Jean Brotteaux.

Violoncelle. — 3e division, professeur Mr Montecchi.

1re Section : 2e mention à l’unanimité, Marcel Louin.

2e Section : mention à l’unanimité, Simonne Charpentier.

Le Jury était composé de M. Boussagol, président ; Mmmes Bogé, Pierron ; MMr Diérolf, Boiret, Lamiré, Harel, secrétaire.


Fausses Nouvelles

Service télégraphique spécial de « L'Evénement Rennais »


Une épidémie de peste sévit depuis quelque temps à Rennes. Jusqu’à présent, il ne s’est produit aucun décès, grâce au docteur Leray qui soigne tous les malades.

— Nous apprenons que notre confrère Jamier du Journal de Rennes est depuis quelques jours d'une politesse exquise, et qu'il ne dit plus à personne, même à la police, sa façon de penser.

Le Réveil Breton a publié hier un merveilleux article de reportage.

— Depuis hier, les Nouvelles Rennaises sont anti-ministérielles. M. Morin vient de recevoir la décoration de Saint-Grégoire-le Grand.

— M. Deschamps a été nommé membre de la Commission des hospices. Il a dîné hier soir chez M. Louveau.

— M. le général Passerieu tiendra un des cordons du dais à la procession de la Fête-Dieu.

— M. le docteur Leray a mandé en toute hâte M. Guérin, maire de Pacé, pour l’aider à revisser un pied à une jambe de bois.


Concert de la Société de Chant

du Conservatoire


Lundi soir, la Société de Chant du Conservatoire donnait un concert intime à la salle des fêtes de l’Hôtel-de-Ville, concert qui fut un régal pour les dilettanti.

Mr Noury, le talentueux violoniste, se montra plein de charme et de délicatesse, dans la mélodie de Berlioz, jouée en sourdine, et dans l’Aria, de Bach, au chant large et doux. Brillant, pittoresque et difficultueux, le morceau du grand violoniste Sarasate, Zigeuneweisen, qui valut à Mr Noury pour son exécution verveuse et remarquable, de chaleureux applaudissements.

Puis, nous entendîmes Mlle Marie Vadot, beauté parfaite, au profil de camée, superbe de talent dans l’Adagio de la Sonate Le Clair de Lune, Beethoven ; le Scherzo, de la Sonate en si bémol mineur, Chopin ; la Fantaisie Espagnole, Moskowski ; les touches d’ivoires, caressées et frappées tour à tour, firent passer en nous des frissons de rêves, des ardeurs de combats.

Coiffée de bandeaux prêtant à son visage une figure Botticellesque, Mlle Jeanne Pihuit, chanta d’une voix agréable le classique morceau Plaisir d’Amour, de Martiné.

Je regrette de n’avoir point ressenti cette poignante émotion qui s’empare de l’auditeur aux paroles murmurées d’une voix grave et lente :

Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour, dure toute la vie.

Ce fut chanté, par une jolie statue animée, mais sans âme.

Douée de plus d’émotivité et de compréhension Mlle Madeleine Gérard, nuança délicatement : Sans toi, Guy d’Hardelot ; Aux Étoiles, Danza.

Mais la partie la plus imposante du concert était consacrée à l’audition de musique religieuse et des maîtres du XVIe siècle.

Mr Charles Bodin, dont il faut louer le parfait éclectisme, la haute culture musicale et l’esprit toujours à la recherche d’une beauté nouvelle, s’efforça, tout en regrettant l’absence en notre ville, de conférences musicales, aptes à instruire la masse, — s’efforça, dis-je — en un commentaire concis, d’expliquer la différence existant entre le chant grégorien et notre musique actuelle.

Le Choral Rennais exécuta l’Ave Maria de Bordhèse, puis la Société de chant, O vos Omnes de Victoria. Ce morceau absolument remarquable est digne de figurer à côté des œuvres d’un Bach ou d’un Haëndel.

Les masses chorales, unies avec art ont des rugissements de tempêtes, des douceurs de prières.

Mignonne allons voir si la Rose, de Guillaume Costeley ; et, Quand son mari vient du dehors, pièces exquises de rythmes et de caractères, furent fort goûtées du public.

Le Chœur des Fileuses du Vaisseau Fantôme, Wagner, chanté au début, par la Société de chant, sembla faible, et, ces dames et demoiselles trop occupées d’ouïr la voix de leurs voisines ou de regarder dans la salle, prêtèrent une médiocre attention à la baguette de leur chef. Il faut louer amplement le Choral Rennais, remarquable par une exécution attentive des nuances diverses.

Nous eûmes l’infini plaisir d’entendre une œuvre de M. Charles Bodin, Dans les Prés, scène pittoresque inédite à quatre voix mixtes. Parfaitement interprétée, d’une harmonie riche et pittoresque, on eût crû voir une ronde folle de jeunes filles, gambader dans de vertes prairies, sauter, bondir, tomber et s’élancer encore. Il y a dans cette musique et ces chœurs je ne sais quoi de champêtre et d’agreste, un mélange de rires fous et de joies reposantes.

Sous l’habile direction de l’auteur. Ces chœurs plein d’entrains, chantèrent, emplis d’ardeurs pour l’œuvre jolie.

Au piano d’accompagnement. Mme Fablet, et Mlle Bornet professseur au Conservatoire.

E.G.

Le Banquet de la

Fête des Fleurs


Samedi soir, se réunissait chez le traiteur Gaze, en de fraternelles agares, tout ceux qui participèrent au succès de notre belle Fête des Fleurs.

Plus de cinquante convives étaient réunis autour d’une table admirablement servie. M. le Maire avait accepté l’invitation du comité ; à côté de lui se trouvaient M. Rigaud, président de la fête, M. Buan, adjoint. Parmi les convives, nous remarquons : M. Roger, chef de division à la Préfecture, Guittet, chef d’exploitation aux tramways à vapeur, Leray, Sacher, Malapert, conseillers municipaux, Gobaille, Morin, Grenier, Rouault, Rosetzki, Saillard, Leleu, chef de musique au 41e de ligne, Cazo, Huchet, Duval, Leclair, Gorieux, Boulaix, Coignerai, Gaillet, Ulric Guttinguer, etc., etc.

A la fin du repas, M. Pinault, remercia, en un toast charmant, le comité de la belle fête qu’il a organisée, et en particulier, son très actif et très dévoué président M. Rigaud.

M. Rigaud remercie à son tour, et rend justice à ceux qui, sans marchander leur temps et leur peine, contribuèrent à rendre cette fête vraiment merveilleuse.

Pour terminer la soirée, chacun se met à chanter ou à jouer quelque chose de son repertoire.

M. Guttinguer, chante sur l’air « Viens Poupoule. » une chanson sur la fête des fleurs. Il obtient un succès de fou rire.

Puis M. Roger Guttinguer, musicien au 41e de ligue, et compositeur de grand talent, joue quelques unes de ses œuvres, et accompagna sans musique tout les chanteurs. MM. Leclair, Rigaud, Huchet, Guillet, font entendre différentes chansons qui soulèvent des tonnerres d’applaudissements.

À 10 heures, on se sépare en se donnant rendez-vous à la fête des Fleurs, de 1904.


Visiter la Salle des Dépêches de L’ÉVÉNEMENT RENNAIS.


Rennes Électrique

Jeudi.— Nous apprenons avec regret la démission de conseiller municipal et d’administrateur des hospices de M. Lahutte, l’industriel bien connu.

Républicain convaincu, M. Lahutte combattit pour faire triompher ses idées libérales. Il défendit au conseil municipal la cause des enfants pauvres des écoles qui furent admis à participer aux secours distribués par la mairie.

Sa santé chancelante ne lui permet pas de conserver un mandat qu’il ne se sent pas la force d’accomplir. Au vaillant édile, nous souhaitons un prompt rétablissement avec l’espoir de le retrouver dans la vie publique.

☞ Quai de la Prévalaye, 23, M. Louis Léon Gouinguenet, employé à la fonderie Tuau, marié et père de trois enfants, se pend dans un hangar. Un médecin appelé ne put que constater le décès. Ce suicide est attribué à des accès de mélancolie causés par une terrible maladie.

☞ Un seau de fer battu est volé sur le Mail, à un forain M. Gay.

☞ Un autre forain, M. Faure, confiseur, reçoit d’un acheteur un louis de 20 francs, au lieu d’un sou. Il s’empresse de rapporter le louis au poste de police. Toutes nos félicitations.

☞ M. D… garçon d’hôtel, se voit dresser procès-verbal, pour avoir frappé Mlle B… non avec une fleur, mais avec sa dextre.

☞ Le vent est aux suicides. À la scierie mécanique Picard, faubourg de Redon, 33, le chauffeur Louis Legoff, s’ouvre le ventre avec une lime, et voulant absolument mourir, élargit les plaies avec ses mains. À la vue des blessures, le docteur Camuzet ordonne le transfert immédiat de Legoff, à l’Hôtel-Dieu.

☞ L’Association Artistique et Littéraire de Bretagne a donné comme de coutume une soirée charmante.

Nous avons entendu tour à tour, M. Danse et Mlle Rosetky qu’accompagnait M. Silva. M. Letourneux, professeur de hautbois au Conservatoire, puis M. Béesau et Postel, ont délicieusement rendus, l’un à l’harmonium, et l’autre au piano, deux pièces de Widor, Mlle Montagnon, MM. Gendrot et Nitsch, élèves du Conservatoire, éxécutent le final du Trio en mi bémol, de Mozart.

Une conférence de notre distingué confrère M. Barthélémy Pocquet, sur La Chalotais, terminait cette soirée.

Vendredi. — Les pêcheurs à la ligne tiennent leur assemblée générale dans la salle des fêtes de l’Hôtel-de-Ville, sous la présidence de M. Lamarre. La salle est absolument comble, et les pêcheurs montrent par leur turbulence qu’ils ne sont pas au bord de l’eau.

La Société s’engage à louer les neuf biefs qu’elle a choisis. Les sociétaires présents votent ensuite une modification à l’article 4 des statuts, par laquelle les dames seront admises dans l’Union, pour le prix de 1 fr. 10. La perception du droit d’entrée de 2 fr. est aussi suspendue momentanément. M. Lamarre fait également connaître, qu’à la suite de ses démarches, une réduction de 40 % est accordée aux membres de l’Union, par la Compagnie des tramways à vapeur, sur toutes ses lignes. Cette communication est accueillie par de chaleureux applaudissements, Une élection aura lieu le 4 juillet pour le remplacement de membres sortants et démissionnaires.

☞ Un nouveau suicide. Au n° 3 de la rue Hippolyte-Lucas, Mme Hérault, blanchisseuse, âgée de 61 ans, absorbe de l’alcali. Transportée à l’Hôtel-Dieu, elle y succombe peu après dans d’horribles souffrances. Ce suicide est attribué à des chagrins de famille.

☞ Nous enregistrons une nouvelle catastrophe commerciale, causée, dit on, par la faillite Gicquel. M. Gouin, négociant en beurre, 34, rue Saint Helier, est déclaré en faillite par le tribunal de commerce. M. Beaufils a été nommé juge commissaire, et M. Favry syndic provisoire.

→ M. Dominguez, avocat à la Cour d’appel, vient d'être attaché au parquet de M. le Procureur général.

M. Françis Sauvage, avocat à la Cour d’appel, soutient une brillante thèse de doctorat à la Faculté de droit de Rennes. Le jury lui a décerné la mention (très honorable), la plus forte qu’il puisse accorder.

☞ Pierre Hélo trouve très agréable de manger sans payer, au débit de M. Morin, 18, Rue Saint-Malo, cela lui vaut d’être arrêté incontinent.

☞ Les brossières se pourvoient en dommages-intérêts contre M. Laffite, ex-commissaire central de Rennes, auteur de leur arrestation arbitraire. Mais ce que nous ne comprenons pas c’est l’assignation également lancée contre M. Pinault, nullement responsable des fautes de son subordonné.

Samedi. — La série noire continue. M. Maurice H… surnuméraire aux postes et télégraphes et habitant au n° 12 de la rue Legraverend, se pend dans sa chambre avec un foulard, au crochet de la suspension.

→ Les étudiants du P. C. N. à l’occasion de l’ultime manipulation chimique de l’année scolaire, forment un imposant monôme et parcourent les rues de Rennes en criant leur immense douleur.

Dimanche. — Un nommé Chancé, âgé de 18 ans, plongeur au restaurant Quimbrot, loue chez M. David, une bicyclette de 150 fr. et oublie de la rapporter.

☞ Un temps glacial, froid, pluie, rien n’y manque. Un pâle rayon de soleil permet enfin aux processions de la Fête-Dieu de parcourir nos rues. Affluence considérable. On craint des manifestations, mais tout se passe tranquillement.

Lundi. — Mme Pourpe, autre Thérèse Humbert, qui fit tant de dupes dans notre région, est arrivée à Rennes samedi, par le train de neuf heures, venant de Saint-Brieuc. Mme Pourpe, qui semblait très guillerette, avait refusé de comparaître devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, voulant parler devant les juges de la Cour d’appel de Rennes.

Elle a été conduite à la prison centrale.

☞ Un acrobate, M. Léon-Marie Dursek, âgé de 33 ans, né à Lens (Nord), en faisant un saut périlleux au double trapèze, manque son coup, et tombe lourdement sur le sol. On le relève, crachant le sang et un médecin mandé craint des lésions internes.

☞ M. Gosselin, propriétaire, faubourg de Fougères, en arrivant à la Caisse d’épargne, succombe à la rupture d’un anévrisme. M. Gosselin était un ancien chef de division à la Préfecture de Rennes.

☞ Mme Morice, âgée de 43 ans, demeurant aux Bas-Chemins, tombe et se fracture la jambe, en rapportant un paquet de linge chez M. Duval, propriétaire des Bains Saint-Georges.

☞ M. Vincent, employé à la pharmacie Centrale, en passant place du Carthage, butte contre un madrier et se blesse assez grièvement à la main droite et à la jambe gauche.

☞ Mlle Marie Lemoine, âgée de 16 ans, bonne chez Mme G…, épicière rue Dupont des-Loges, en remontant de la cave avec un bidon de pétrole et une lampe allumée, tombe et communique le feu à ses vêtements. Une voisine, Mme Allain, est assez heureuse pour éteindre les flammes.

Mlle Lemoine est très légèrement blessée à une main.

Mardi. − M. G… ouvrier fondeur aux ateliers de la Gare, demeurant faubourg de Fougères, reçoit, une roue de wagon, sur la jambe gauche, en déplaçant des pièces de fontes. Il est transféré immédiatement à l’Hôtel-Dieu.

☞ Un train de marchandises de la Compagnie des Tramways d’Ille-et-Vilaine, en arrivant à la gare de Viarmes, heurte de la vis d’un wagon, un employé M. Barbedor, qui tenait le levier de l’aiguille pour que le train s’engageât sur la voie de garage. L’aiguille ne fonctionnant plus, et la plus grande partie du train étant engagée sur la voie de garage, un des wagons se renversa sur le côté.

M. Barbedor n’a que des blessures sans gravité.