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Page:L’Exposition de 1889 et la tour Eiffel, 1889.djvu/56

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CRITIQUE DE LA TOUR


Malgré l’intérêt qui s’attachait à ce monument, que n’ont pas dit, que n’ont pas imaginé les critiques ? Les uns criaient à la tour de Babel, les autres annonçaient des troubles dans l’état climatérique de Grenelle et même de Paris. La Tour construite répond elle-même à ces objections.

Mais il est une question que nous voulons traiter spécialement, c’est celle qui a trait à la valeur artistique de l’œuvre.

La plupart des architectes qui ont concouru pour le plan de l’Exposition, ont été gênés, nous dit-on, par cette immense pyramide qui écrase de sa masse tous les monuments d’alentour et particulièrement les bâtiments prévus pour l’Exposition : on lui reproche de manquer de cachet artistique : on la considère dans l’ordre architectural comme une création sans goût, sans art, sans élégance, une œuvre barbare, un monstre enfin.

Il est certain que l’œil, accoutumé à envisager les monuments dans le cadre étroit des constructions de pierre, ne saurait s’habituer tout d’un coup aux proportions gigantesques de la Tour Eiffel et que sa comparaison immédiate avec nos palais étonne et choque ; mais c’est là certainement un rayon d’optique, une éducation de l’œil à faire.

N’est-ce pas de l’art que l’application de la Science acquise par l’homme et de la puissance dont il dispose à la réalisation d’une conception quelconque ? et