Page:L’Humanité nouvelle, octobre 1906.djvu/74

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gouvernemental l’a précipité, de l’appeler à une vie nouvelle.

Se débattant éperdument dans les convulsions de l’agonie, le tsarisme affolé, dans l’espoir de reculer le moment du dénouement fatal, fait jouer les mitrailleuses dans les murs même de la ville de Moscou, massacrant les révolutionnaires, décimant la population inoffensive, tuant et blessant des femmes et des enfants, réduisant les maisons en amas de décombres, n’épargnant point les monuments historiques de l’ancienne capitale russe ; qui, jadis fut son berceau et où un jour, peu éloigné peut être, il trouvera aussi son sépulcre.

La Sainte Russie est inondée de sang qui coule toujours… son cœur même a saigné… Mais le sang appelle le sang…

Le premier coup à l’autocratie fut porté par la guerre de Crimée. Nicolas I le comprit. Mais, d’un tempérament trop despotique pour souffrir la moindre atteinte à son pouvoir d’autocrate, trop fier pour désavouer la politique de tout son règne durant trente ans, il préféra d’en finir avec ses jours. Son médecin attitré, un Polonais, devait être son complice en exécutant son ordre de lui servir un toxique. Si bien, qu’aucun soupçon n’a pu être éveillé à ce sujet et le public crut à la mort naturelle du souverain.

Avec l’avènement d’Alexandre II, son successeur, s’imposait une nouvelle politique, toute de réformes libérales si longtemps et si anxieusement attendues par le pays et qui, d’ailleurs, n’étaient pas en contradiction avec les idées personnelles, qu’on attribuait alors à ce monarque.

Le peuple respira. Des énergies latentes longtemps réprimées par la volonté tenace de l’autocrate puissant, jusque là, languissant de désœuvrement, surgirent spontanément et le pays marcha à pas de géant. D’un bout à l’autre de l’immense empire, les populations tressaillirent d’espoir et de joie de vivre…

Cependant, ce bel élan d’activité dans lequel s’unirent les éléments généreux et progressifs de la nation, ne pouvait avoir qu’une courte durée. Bientôt Alexandre II s’en émut. Le