Page:L’Humanité nouvelle, octobre 1906.djvu/86

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blement, voire timidement ces votables exprimèrent leur espoir de voir étendre la compétence des institutions locales relevant de la commune — des Zemstvos, Nicolas II leur répondit par quelques phrases brèves et arrogantes en leur déclarant qu’ils devaient abandonner ces « rêves insensés ». Depuis, il a affirmé à toute occasion, qu’il a pris une résolution ferme de continuer la politique de son « inoubliable » père. Cette politique il l’a même renchérie jusqu’à inonder de sang le pays entier et au point d’armer la main du peuple exaspéré. Il y a à peine un an encore que le prisonnier volontaire à Tsarskoïe Sélo a éprouvé le besoin de confirmer ses augustes paroles d’antan et de rappeler à ses sujets le droit divin de son pouvoir autocratique par un manifeste d’une incohérence et d’une ineptie étonnantes, et que, aidé de M. Pobiedonostseff, son conseil écouté, il a lancé à l’improviste, à l’insu de ses ministres. Ceux-ci, affolés, — car la révolution grondait déjà prête à éclater et le parti constitutionnel modéré lui-même, avait dans une réunion des délégués des zemstvos, nettement posé la question de l’assemblée nationale — coururent à la retraite du souverain pour lui arracher la signature d’un contre-rescrit, rédigé dans un esprit opposé et s’appuyant sur une promesse de quelques concessions libérales — rescrit qu’ils firent publier le soir même, afin d’atténuer le déplorable effet que le manifeste du matin devait produire dans le pays.

Dernièrement, acculé par la grève générale, il signe une Constitution garantissant à ses sujet, la liberté et les droits de citoyen et le lendemain même, il ordonne les massacres de ces « citoyens », coupables d’avoir encore une fois mis leur confiance en les paroles du souverain.

En effet, celui-ci s’est ingénié de mettre en pratique les mémorables paroles qu’il a prononcées, alors qu’un ministre lui avait exposé la nécessité d’octroyer au pays quelques libertés constitutionnelles : « Je veux bien donner la Constitution, lui a-t-il répondu, mais à condition de conserver mon pouvoir autocratique. » La Constitution réside dans les promesses, il la fait miroiter aux yeux du peuple ; la réalité c’est l’ensanglantement du pays.

Aujourd’hui, la réaction dépasse tout ce que les tsars et les empereurs de Russie avaient pu imaginer depuis des siècles. On voudrait voir la nation entière emprisonnée. Les arrestations