Page:L’Hypnotisme et les Religions.djvu/110

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On peut excuser les naïfs et les ignorants, habitués à jurer par les paroles des autres et incapables de juger par eux-mêmes ou de rechercher les preuves d’une assertion audacieusement mensongère. Mais que penser de ceux qui ont sciemment induit en erreur des générations entières, en dénaturant, avec une mauvaise foi insigne, des passages dont la véritable signification leur était manifestement connue ?

Voici la vérité sur cette légende. Lorsque Voltaire livra sa tragédie de l’Enfant prodigue à la scène, il eut grand soin de le faire sous le couvert de l’anonyme, par crainte de la cabale cléricale qui n’eût pas manqué de mettre tout en œuvre pour faire tomber la pièce.

C’est ce qui était arrivé à la tragédie de Mahomet dont les représentations ne purent continuer. Voltaire eut alors l’idée de la dédier au Pape, qui, plus intelligent que le reste des croyants, l’en remercia par une lettre élogieuse. Voltaire la fit imprimer en tête du volume et la pièce fut ainsi sauvée.

Diverses personnes ayant soupçonné le nom du véritable auteur de l’Enfant prodigue, Voltaire, alarmé, écrivit à tous ses amis pour les conjurer de démentir ce bruit.

C’était un mensonge qu’il leur demandait. Aussi a-t-il bien soin de leur représenter que, dans une pareille circonstance, le mensonge est nécessaire, par suite innocent. Il les supplie donc de ne pas craindre de mentir et de nier hardiment, toutes les fois que l’occasion l’exigera, qu’il fût l’auteur de la pièce menacée.