Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/160

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dant dix-sept jours je voguai sur la mer ; et le dix-huitième les montagnes ombragées d'arbres de votre pays m'apparurent. À cette vue je fus transporté de joie ; mais j'avais encore à souffrir de nouveaux malheurs ! Neptune, en déchaînant les vents, me ferma le chemin et bouleversa la mer ; la fureur des vagues ne me permit point de rester sur mon radeau ; et bientôt, malgré mes gémissements, il fut brisé par la tempête. Alors nageant avec effort, je fendis les ondes jusqu'au moment où les vents et les flots me poussèrent contre ces rivages.



J'allais toucher à la terre quand une vague me jeta contre un immense rocher, dans un lieu stérile, et là j'aurais été impitoyablement englouti si, me retournant aussitôt, je n'eusse nagé jusqu'aux rives de cette île. Une plage favorable s'offrit à mes yeux, une plage unie, sans rochers et à l'abri des vents. Je gravis cette côte, et bientôt je tombai sur le sable privé de mouvement et de forces. La nuit divine descendit sur la terre, et moi, m'éloignant du fleuve formé par les eaux du ciel, je me couchai sous des arbustes ; je me couvris de feuilles sèches, et un dieu me plongea dans le plus profond sommeil. Là, quoique affligé de chagrins, je dormis toute la nuit sous ces