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Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/180

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fiques auprès de leur vénérable mère. Alors le puissant roi marche à la tête des convives ; puis tous s'asseyent sur des sièges élevés et Alcinoüs parle en ces termes à la noble Arété :

« Chère épouse, ordonne qu'on apporte ici un coffre brillant, le plus beau de tous ceux qui sont dans ce palais ; tu placeras dans ce coffre un riche manteau et une tunique sans souillure. Ordonne aussi qu'on mette sur la flamme étincelante un vase d'airain pour faire tiédir l'onde, afin que notre hôte se baigne et qu'il puisse se réjouir en voyant les présents que lui destinent les Phéaciens, et en écoutant, pendant le repas, les accents mélodieux des chants sublimes. Moi, je vais lui offrir cette belle coupe d'or pour qu'il se souvienne de moi lorsque dans son palais il fera des libations en l'honneur de Jupiter et de tous les autres dieux. »

Ainsi parle Alcinoüs. Arété commande à ses femmes de placer sur les flammes éclatantes un large trépied, et les suivantes s'empressent d'obéir. Elles versent de l'eau dans le vase et allument ensuite le bois qu'elles ont préparé : aussitôt la flamme entoure les flancs du trépied, et l'onde s'échauffe. Arété apporte de la chambre un coffre magnifique ; elle y dépose les riches présents, les vêtements et l'or que les Phéaciens avaient donnés à Ulysse, et elle y place aussi la tunique et le manteau ; puis elle adresse à l'étranger ces rapides paroles :

« Noble voyageur, examine ce couvercle et ferme-le toi-même avec une chaîne pour que l'on ne te dérobe rien, pendant ton voyage, lorsque tu goûteras les douceurs du sommeil sur ton sombre navire. »

À ces mots, le divin Ulysse ajuste le couvercle et le ferme au moyen de nœuds secrets[1] que lui fît connaître jadis la vénérable Circé. L'intendante du palais conduit au bain le héros, qui, en

  1. Homère dit : δεσμὸν ἴηλεν ποικίλον (vers 447/448) (il le ferme par un lien varié). Voss traduit ce passage par : den knolen detsen geheime Kunst ihn die machlige Kirke gelehret (un nœud dont l'art secret lui avait été appris par la puissante Circé). Dugas-Montbel ajoute à ce sujet que le mot ποικίλος ; ne doit pas être pris ici dans l'acception commune ; mais Dugas-Montbel aurait du dire, ce nous semble, que ce mot, signifiant aussi adroit, artificieux, est très bien placé dans cette phrase. — Le mot δεσμὸς (lien) est quelquefois employé par les auteurs grecs pour désigner le mot nœud ; aussi