Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/198

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j'introduis le pieu dans la cendre pour le rendre brûlant, et par mes discours j'anime mes compagnons, de peur qu'effrayés ils ne m'abandonnent. Quand le tronc d'olivier est assez chauffé et que déjà, quoique vert, il va s'enflammer, je le retire tout brillant du feu, et mes braves compagnons restent autour de moi : un dieu m'inspira sans doute cette grande audace ! Mes amis fidèles saisissent le pieu pointu, l'enfoncent dans l'œil du Cyclope, et moi, me plaçant au sommet du tronc, je le fais tourner avec force. — Ainsi, lorsqu'un artisan perce avec une tarière la poutre d'un navire, et qu'au-dessous de lui d'autres ouvriers, tirant une courroie des deux côtés, font continuellement mouvoir l'instrument : de même nous faisons tourner le pieu dans l'œil du Cyclope. Tout autour de la pointe enflammée le sang ruisselle ; une ardente vapeur dévore les sourcils et les paupières du géant ; sa prunelle est consumée, et les racines de l'œil pétillent, brûlées par les flammes. — Ainsi, lorsqu'un forgeron plonge dans l'onde glacée une hache