Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/223

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ils sont aussi joyeux que s'ils revoyaient leur patrie, l'âpre Ithaque, où jadis ils reçurent le jour et passèrent leur enfance ! — Bientôt ils prononcent ces rapides paroles entrecoupées par les sanglots :

« Oui, ton retour, fils chéri de Jupiter, nous cause autant de joie que si nous revoyions l'île d'Ithaque. Mais raconte-nous maintenant la fin de nos autres compagnons. »

» C'est ainsi qu'ils parlent, et moi je me hâte de leur répondre:

« Amis, commençons par tirer le vaisseau sur le sable du rivage, déposons dans des grottes nos richesses et nos agrès ; et préparez-vous tous à me suivre si vous voulez revoir nos compagnons qui mangent et boivent dans les demeures sacrées de la divine Circé, où rien ne manque à leurs désirs. »

» À peine ai-je prononcé ces paroles que mes compagnons se préparent à exécuter mes ordres ; mais Euryloque les retient en leur adressant ce discours :

« Ah, malheureux ! où courez-vous ? Vous avez donc soif de nouveaux malheurs, puisque vous voulez pénétrer dans les demeures de Circé ! Mais cette déesse vous changera tous en porcs, en loups, en lions, et vous serez contraints de garder son vaste palais ! Le Cyclope a déjà dévoré nos amis lorsqu'ils pénétrèrent dans sa grotte pour accompagner l'audacieux Ulysse, qui, par son imprudence, les a tous fait périr ! »

» À ces paroles je me demande si je ne dois pas envoyer sur la plage la tête d'Euryloque, bien qu'il soit mon proche parent ; mais tous mes compagnons me retiennent en me disant :

« Illustre fils de Jupiter, laissons Euryloque en ces lieux pour qu'il garde le navire ; mais toi, conduis-nous dans les demeures sacrées de la divine Circé. »

» Au même instant ils s'éloignent tous du rivage de la mer, et Euryloque suit aussi mes pas ; car il redoutait mes terribles menaces.

» Pendant ce temps, Circé baigne mes compagnons et les parfume d'huiles odorantes ; puis elle leur donne de superbes manteaux et de riches tuniques. — En entrant dans le palais, nous trouvons nos amis fidèles occupés à prendre leur repas. Quand ils se sont tous regardés, ils se racontent leurs aventures