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Page:L’Orestie d’Eschyle, trad. Mazon.djvu/97

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AGAMEMNON honte que de piétiner et de perdre un tel luxe d’étoffes achetées à prix d’or. Mais assez là-dessus. (Il montre Cassandre.) Tu vois cette étrangère, accueille- la avec bienveillance. Le maître doux, les dieux ont pour lui des regards complaisants, car nul ne porte sans douleur le joug de l’esclavage. Celle-ci, fleur choisie entre mille richesses, présent de mon armée, a dû suivre mes pas. — Et maintenant que je me suis laissé vaincre par tes paroles, je rentre au fond de mon palais sur un chemin de pourpre. Il rentre lentement dans le palais, tandis que Clytemnestre répond avec emphase : CLYTEMNESTRE 11 y a la mer - et qui l'épuisera ? - Elle qui nour- rit l’inépuisable et précieuse sève d’une pourpre infinie pour teindre nos tissus. Grâces aux dieux, maître, la maison peut en avoir à elle : notre foyer ne connaît pas la pauvreté. J’eusse offert dans mes vœux bien des tissus de pourpre à tes pieds vainqueurs, si des oracles fussent venus en ce palais révéler à mon angoisse le prix du retour d’une tête si chère. Oui, avec la racine vivace, c’est le feuillage qui revient étendre sur ce toit son ombre protectrice de la canicule. Ton retour au foyer domestique, c’est pour nous un retour de l'été au milieu de l’hiver ; une fraîcheur, douce comme celle des mois où Zeus pour le vin mûrit la grappe verte, pénètre la maison quand le