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VI
PRÉFACE


pas s’être trouvés dans les conditions favorables pour la traiter dans toute son ampleur ainsi que dans ses détails infinis.

Pour écrire un livre vraiment impartial, scientifique et documenté sur l’amour lesbien, il faut réunir en soi un certain nombre de qualités essentielles, sans que l’une l’emporte trop ostensiblement sur l’autre.

Il faut être philosophe sans pourtant s’en tenir aux seules spéculations morales, moraliste sans prud’homie, afin de noter l’influence de la passion saphique sur les mœurs et les individus sans s’attarder à la discuter, à la flétrir, sans se laisser aller à la dénaturer par vertueuse indignation, ou à en exagérer les effets et les conséquences, dans un but de moralisation stricte.

Il est nécessaire aussi, pour écrire sur le saphisme, d’être sérieusement versé dans les sciences physiologiques, les connaissances de la pathologie, sans pourtant être un praticien exerçant. Car, celui-ci, forcément, par suite de ses études, de son esprit spécialisé, s’attachera trop au côté physique de la question, sans accorder au domaine cérébral son immense part.