Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
L’AMOUR SAPHIQUE

L’hermaphrodite cérébrale parfaite est le plus merveilleux instrument passionnel qui soit. Tantôt elle est mâle et connaît toutes les sensations victorieuses de l’homme qui coïte ; tantôt elle est femme et savoure les délices d’une sujétion absolue.

Et, capable d’apprécier toutes les beautés, elle estime autant l’homme que la femme ; elle use d’eux de toutes façons, tantôt normalement, tantôt en invertissant l’ordre naturel. Elle est délicieusement femme avec celui-ci ; puis, rencontrant un homme efféminé, elle sera mâle brutal pour lui. Avec telle lesbienne-mâle elle sera sa docile épouse ou se réveillera maître despotique pour une amie dont les sens demeurent féminins.

La femme hermaphrodite est une sensuelle éperdue. Ne lui demander aucune sentimentalité, ce serait peine perdue : elle a tous les vices de l’homme et tous ceux de la femme.

Du reste, il est rare qu’elle tombe dans les excès sadiques ; il semble que ses exaspérations contradictoires la maintiennent dans une sorte d’équilibre ; et si elle est capable de fréquentes folies, la sinistre démence ne vient point la saisir, l’obliger au crime, aux actes irréparables. C’est habituellement une dilettante de la passion. Elle connaît ses facultés, les développe, les analyse, en jouit.