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L’AMOUR SAPHIQUE


vénal. Ce fut une suite de liaisons sans durée, de passades, d’apprentissage effrayant des toquades masculines, dans laquelle elle acheva de prendre l’homme dans une horreur effrayée, un dégoût insurmontable.

En même temps, sa chairs était enfin éveillée, et elle la contentait avec des amies, des camarades, par rancune de l’homme, auquel elle accordait son corps et le simulacre de son spasme, sans plus.

Mais, ces étreintes purement matérielles ne pouvaient la contenter. Elle s’éprit sentimentalement d’une femme, auteur de romans qui lui avaient plu, et désormais le but de toute son existence fut de se rapprocher de cette femme, de songer à elle, de tâcher de l’intéresser à cet amour qu’elle lui vouait.

Malheureusement pour Eugénie, cette femme-auteur répugnait absolument aux amours saphiques ; elle eut pitié de la pauvre énamourée, mais dut l’écarter de sa voie. Et durant des années, le martyre sentimental d’Eugénie fut vraiment indicible.

Cela et sa vie misérable, ses fatigues sexuelles, son travail épuisant, eurent raison de sa faible santé ; elle s’éteignit dans un hôpital, âgée de vingt-neuf à trente ans. Elle fut vraiment un type accompli de l’amour lesbien sentimental.