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L’AMOUR SAPHIQUE


se donnait-elle une ou deux fois par mois cette illusion du coït.

En tous cas, jamais elle n’avait eu l’ombre d’un désir lesbien et n’avait jamais compris jadis comment cette passion pouvait exister dans le cœur et les sens de la femme.

Or, voilà qu’il y avait un peu plus de dix-huit mois, à la suite de la lecture d’un roman pourtant on ne peut plus chaste et correct, elle avait eu la pensée d’une femme nue, étendue sur un lit, et se tordant en de voluptueuses convulsions.

Elle avait été surprise de cette pensée saugrenue, en avait ri intérieurement et l’avait chassée.

Mais, peu de temps après, d’autres images obscènes s’étaient présentées à son esprit, évoquées de même par un mot, une phrase lue, un dessin regardé parfaitement corrects et semblant sans rapport aucun avec ce tableau qui soudain surgissait devant ses yeux comme par un déclanchement d’appareil photographique.

D’abord, elle n’avait éprouvé qu’un malaise ; puis, un trouble sexuel l’avait gagnée, et chaque fois qu’elle songeait à une obscénité il lui fallait se masturber. Il y avait des jours où plus de dix fois elle se dérobait aux siens, s’enfermait dans sa chambre, dans les cabinets, n’importe où pour satisfaire son besoin.