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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/267

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L’AMOUR SAPHIQUE COMPARÉ À L’AMOUR NATUREL

Qu’est-ce qui domine dans l’amour au point de vue intellectuel ? — Sûrement l’inconnu.

C’est l’inconnu, le mystère de l’être vers qui on est attiré, qui lui donne tout son charme, toute sa valeur.

On aime d’amitié, de cœur, la personne près de laquelle on vit et qui n’a rien de secret pour vous ; on ne saurait la désirer intensément.

Or, la femme et l’homme sont des étrangers, des inconnus l’un pour l’autre ; c’est le mystère qu’ils représentent qui met dans l’amour une acuité, une valeur, qui jamais ne se retrouvera dans l’amour de deux femmes.

En effet, celles-ci, de même sexe, de même nature, ayant eu la même éducation, ne sauraient être une énigme l’une pour l’autre.

Leur prestige est nul aussi bien aux yeux de l’une que de l’autre, et il ne saurait exister dans leur cerveau ni le sentiment orgueilleux de la femme qui se dresse en énigme devant l’homme, ni la satisfaction vaniteuse de l’homme qui croit l’avoir résolue.

Les femmes vraiment femmes se connaissent trop bien, ont trop de points de contact et de ressemblance pour éprouver du réel amour l’une pour l’autre, car, nous l’avons dit, l’amour n’est que l’illusion que nous avons de celui que nous aimons.