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L’AMOUR SAPHIQUE

C’est à Lesbos que naquit et vécut la célèbre poétesse Sappho, qui pratiqua l’amour féminin de façon si éclatante et le célébra avec tant de beaux vers que son nom est devenu synonyme de passion lesbienne.

Une tradition, d’ailleurs erronée, veut que Sappho ait inventé l’amour de la femme pour la femme. C’est faux ; elle ne fit que suivre la coutume de son peuple, mais elle y introduisit une maestria qui lui vaut, à juste titre, la maternité de la passion qu’aujourd’hui l’on qualifie indifféremment de « lesbienne » ou de « saphique ».

Joueuse de lyre, poétesse, Sappho dirigeait une sorte d’académie musicale et poétique où elle ne recevait que des élèves femmes. Celles-ci arrivaient en foule auprès de la célèbre maîtresse, et la plupart d’entre elles partageaient la couche et se disputaient les caresses enflammées de la docte Sappho, qui n’avait guère pour elle que sa gloire, son ardeur et son grand génie poétique, car la tradition la dépeint comme petite, très noire de peau et fort maigre.

Chez les anciens, l’on regardait comme absolument légitime de prendre l’amour où on le trouvait, sans se préoccuper du sexe, ni des lois naturelles. Et, parmi ces peuples méridionaux, au remarquable raffinement intellectuel, la sensualité tenait une place prépondérante, qui paraît