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LA VOLUPTÉ CHEZ LA PETITE FILLE


et de mystère, et, en même temps, ces tourments, cet inconnu, lui sont précieux.

Tandis que l’orgasme impérieux s’emparait d’elle, « Marie» croyait que sa mère l’injuriait, la frappait ; et, loin d’éprouver une sensation pénible, cette souffrance imaginaire l’exaltait ; elle se confondait si bien avec l’impression voluptueuse obtenue par le frottement du clitoris de l’enfant que, toujours, ensuite, elle recommençait mentalement son même petit roman.

C’était au lit, le soir, avant de s’endormir qu’elle se livrait à la masturbation.

Et, dès que ses doigts avaient rejoint son sexe, son esprit travaillait, mettait en scène le toujours pareil petit drame. Elle avait commis quelque faute, sa mère la grondait, elle demandait pardon, suppliait qu’on ne lui donnât pas le fouet, sa mère devenait plus colère, la saisissait et, avec les affres délicieuses de l’orgasme, la petite fille se débattait, ravie sous la correction de rêve.

Une autre, « Claire », avait un père sombre, taciturne, âgé, qui, sans jamais la châtier, lui inspirait pourtant une terreur invincible.

Quand elle pensait à lui ou parlait de ses terreurs à ses petites amies, elle ne l’appelait jamais père ou papa, mais le désignait sous le nom qui pour elle était synonyme d’un mystère plein d’effroi : l’homme.