des cris d’appel que, parfois, ses parents surprirent
et qu’ils attribuaient à de mauvais rêves, ne
se doutant pas que, dans son petit lit blanc de
fillette, Alice, parfaitement éveillée, se donnait
par la masturbation toutes les joies de la volupté
la plus intense.
Nous pourrions multiplier ces exemples à l’infini ; dans tous l’on retrouverait la même impression causée par la volupté, qui, pour la petite fille, s’allie toujours à une terreur, mais une terreur qui lui est agréable et chère.
C’est la même loi d’attrait de l’inconnu, de l’effroi d’une force supérieure qui fait que la passionnette d’une adolescente va presque toujours à un homme d’un certain âge, qui lui fait peur, mais qui l’hypnotise en quelque sorte, et à qui elle souhaite passionnément, servilement, plaire.
Quelquefois cette adoration troublée de la fillette va à son propre père, ou bien à un oncle, à n’importe quel ami âgé de la maison, pourvu que celui-ci lui paraisse avoir une supériorité quelconque.
Son amour se traduit par la hantise perpétuelle de l’individu ; elle veut fébrilement lui plaire, se désole de n’être qu’une petite fille pour lui, se réjouit follement s’il lui a parlé, l’a regardée, lui a fait un compliment. Un baiser de lui l’affole.