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d’échapper, vint dans une pièce où il pouvait être vu distinctement. Quelques uns des assassins Japonais se précipitèrent en brandissant leurs épées, renversèrent sa Majesté, battirent et traînèrent par les cheveux quelques unes des dames du palais en sa présence. Le prince héritier, qui était dans une chambre plus reculée, fut saisi ; son chapeau arraché et déchiré, et il fut traîné par les cheveux et sous la menace des épées fut sommé de montrer le chemin conduisant chez la reine. Celle-ci, fuyant les assassins fut rejointe, poignardée et jetée à terre comme morte mais, on raconte, d’autre part, que revenant un peu à elle, elle demanda si le prince héritier !… était sauf, sur quoi un Japonais lui sauta à la gorge et la transperça de son épée. »

De cette façon le Japon écrasa le parti anti-japonais en Corée, sans autre résultat que de faire du peuple Coréen tout entier son ennemi implacable. Mais lorsque se manifestèrent les convoitises russes touchant la Corée, toute la péninsule s’unit comme un seul homme contre la formidable agression du Nord.

Le Japon eut une belle occasion d’intervenir et les Coréens se virent dans la nécessité d’une réconciliation temporaire avec les défenseurs de l’Asie Orientale. Une alliance Coréo-Japonaise (1904) fut formée et la Corée devint pour le Japon une base d’opérations militaires. En matériel et en hommes, la nation coréenne fut pour le Japon d’une aide très efficace.

Photographie I
LES JAPONAIS CRUCIFIENT LES CORÉENS CHRÉTIENS « COUPABLES » DE VOULOIR LA LIBÉRATION DE LEUR PAYS DU JOUG JAPONAIS
CRUCIFIXION AU XXe SIÈCLE
(Photographie prise par « l’International Film Co » quelques minutes après l’exécution, par les soldats japonais, des manifestants pacifiques coréens, attachés aux croix et fusillés.)
Photographie II
MANIFESTATION PACIFIQUE À SÉOUL AU MOIS DE MARS 1919
Photographie III
LA POLICE FORCE LES CORÉENS À OUVRIR LES MAGASINS FERMÉS PENDANT PLUS D’UN MOIS EN SIGNE DE PROTESTATION

TRAITÉ CONCLU ET TRAITÉ ROMPU. — Au début de la guerre Russo-Japonaise, le Japon déclara au monde qu’il luttait pour préserver l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de la Corée. Il donna à la Corée un engagement précis à cet effet. C’est ainsi que l’Article III du traité Coréo-Japonais du 23 février 1904, déclare : Le gouvernement impérial du Japon garantit expressément l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Empire Coréen. Le gouvernement Coréen se fia implicitement à cet engagement du gouvernement Japonais et forma une alliance offensive et défensive avec le Japon contre la Russie. En vertu de ce traité, le contrôle des communications postales et télégraphiques en Corée fut donné au Japon pour faciliter ses opérations militaires. Mais le Japon n’eût pas plus tôt gagné la guerre qu’il rompit le traité solennellement contracté avec la Corée, ainsi que sa déclaration au monde, en s’emparant de la Corée à la pointe de la baïonnette. Voici un récit de ce traité conclu et rompu, fait par Arthur Mac-Lennan dans la Diplomatie et Violence japonaises en Corée, publiée par l’Association Coréenne nationale en mai 1919 :

« Le traité entre le Japon et la Corée, signé le 17 novembre 1905, se présente par lui-même comme un document qui fit connaître au monde que la souveraineté de la Corée avait fait son temps et que ce pays était devenu un État Japonais. La façon dont le traité est rédigé fournit la preuve indiscutable des intentions impérialistes du Japon sur la Corée et les raisons de l’établissement de son protectorat.

« Au début de novembre 1907, le marquis Ito arriva à Séoul comme envoyé spécial de l’empereur du Japon, présentant une série de demandes rédigées en forme de traité. Ces demandes réclamaient de la Corée qu’elle abdique son indépendance en tant que nation, et qu’elle livre aux Japonais le contrôle de son administration intérieure.

« L’Empereur et ses ministres de cabinet furent épouvantés, mais ils maintinrent avec fermeté leur refus d’accéder aux demandes. Après des heures d’argumentation de la part de l’envoyé Japonais pour lui persuader de signer le traité afin d’assurer la paix à l’Orient, l’Empereur parla :

« “L’acceptation de vos propositions signifierait la ruine pour mon pays ; c’est pourquoi j’aimerais mieux mourir que d’y accéder.”

« Les ministres, également, à la requête des Japonais tinrent sur-le-champ un Conseil de cabinet au palais, en présence de l’Empereur. Ce fut dans l’après-midi du 17 novembre 1905.

« F. A. Mackenzie, le journaliste Anglais très au courant de la politique orientale, qui était alors en Corée a donné sur l’infortuné Conseil de cabinet de cette après-midi de novembre, le compte rendu suivant :

« Pendant tout ce temps, l’armée Japonaise avait organisé un grand déploiement de force militaire tout autour du palais. Toutes les troupes Japonaises de la région défilaient depuis plusieurs jours à travers les rues et les grandes places en face du palais. Les hommes portaient leurs fusil de campagne et étaient armés jusqu’aux dents. Ils firent des marches, des contre-marches, des assauts, des attaques simulées, occupèrent les portes, placèrent leurs canons en position, et firent tout ce qu’ils purent, sauf des actes de violence immédiate, pour démontrer aux Coréens qu’ils étaient en mesure d’imposer par la force leurs exigences.

« Toute cette mise en scène prenait pour les ministres eux-mêmes et pour l’Empereur, une signification sinistre et terrible. Ils ne pouvaient oublier la nuit de l’année 1895 où les soldats Japonais avaient paradé autour d’un autre palais, et où les pires spadassins d’entre eux s’étaient frayés leur chemin à l’intérieur et avaient assassiné la reine. Le Japon l’avait déjà fait une