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Page:L’indépendance de la Corée et la paix.djvu/23

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été d’une rigueur plutôt extrême. Il est vrai qu’il a adopté une attitude menaçante envers les Coréens sous certains rapports. Mais en même temps il a fait quelques efforts énergiques pour les protéger contre l’exploitation de Japonais sans scrupules. Malheureusement la manière d’exécuter cette protestation a été si maladroite qu’elle s’est montrée comme une sorte de bienveillance mal appliquée, qui attira de la part des Coréens des plaintes plutôt que des remerciements. L’autorité militaire du Comte Terauchi était tellement insupportable et oppressive que ceux qui sont en Corée (c’est-à-dire les Japonais) sont enclins à exprimer leur sympathie aux Japonais chez eux, à la nomination du Comte Terauchi comme premier ministre. Mais en même temps ils se félicitent de son éloignement de Corée (voir l’exemplaire de la première et deuxième semaine d’octobre 1916). Le « Tokio Asahi » est infatigable, il attaque finalement un des points de la politique du Comte Terauchi : « La croisade du Comte Terauchi contre la presse a été quelque chose de vraiment efficace. Il a écrasé les journaux les plus puissants et forcé les faibles à se soumettre, il a bouché toutes les issues du libre courant des opinions et n’a pas permis au monde extérieur de connaître l’état réel de la Corée. »


L’Administration judiciaire.

Dans de telles circonstances, il n’est pas étrange que l’administration judiciaire elle-même soit appliquée arbitrairement. Le Japon a déclaré que la Corée était gouvernée par les mêmes lois que le peuple Japonais. Malheureusement ce gouvernement par la loi est une formalité pure et simple.

Récemment un professeur de l’Université Impériale de Tokio, le Dr Yoshino, payé par le trésor gouvernemental, qui a étudié en Europe à titre d’étudiant du gouvernement, écrit un article dans le « Tschuo Koron » (journal mensuel de Tokio, juin 1916) au sujet de l’administration de Corée, comme le fit le Dr Kamilié au sujet de l’administration de Formose. Il a voyagé en Corée et en Mandchurie, afin de se rendre compte des conditions réelles de ces pays : « Quant à ce qui concerne la loi, dit-il. Coréens et Japonais sont absolument sur le même pied, la sécurité et le respect de leurs vies, leurs privilèges, leurs propriétés sont également garantis. Ceci est la théorie, mais le fait n’est pas tout à fait pareil. Il va sans dire que les Coréens sont les sujets d’une nation détruite. À l’étranger on a dit que la Corée avait été annexée au Japon d’après le désir du peuple Coréen. Pourtant en regardant au fond des choses l’affaire s’est présentée différemment. En réalité, la Corée a été annexée par le Japon ».

De quelle manière la théorie devient-elle inutile en pratique ?

D’après la maxime légale que « la loi spéciale » précède la loi générale dans son application les « six codes » Japonais sont pratiquement inutiles quand les codes volumineux de la loi spéciale sont appliqués. Il faut aussi se rappeler que ces codes spéciaux ou généraux, sont faits par des Japonais, peuple tout à fait étranger aux Coréens, qui ignorent l’histoire, les institutions traditionnelles, les coutumes, et surtout les sentiments du peuple Coréen. Même en admettant que ces lois conviennent aux Coréens, l’application elle-même est arbitraire. Le fameux procès appelé « la Conspiration Coréenne » démontre à lui seul comment un Coréen est protégé par la loi. Arrêter d’innocents cultivateurs, de jeunes étudiants et beaucoup d’intellectuels à cause de cette conspiration présumée contre la vie de Terauchi, c’est excessif. Sa vie nous paraît avoir peu de valeur, tant que le militarisme dominera dans l’Empire Japonais. La police a traité les prisonniers d’une manière telle que ce seul fait a inspiré aux « Coréens pro-Japonais » une haine amère. Les mesures sont nettement contre les intérêts du Japon lui-même, puisqu’elles inspirent au peuple Coréen un sentiment fortement anti-Japonais. Aucune personne réfléchie n’aurait voulu croire à ces rumeurs contradictoires d’après lesquelles on aurait systématiquement torturé afin d’obtenir une confession, mais malheureusement ces rumeurs se révèlent fondées : les prisonniers torturés au nombre de 123 sont maintenant délivrés et ils ont raconté, chacun de leur côté, quelles agonies, ils avaient souffertes (voyez illustrations). Les crimes politiques passés, comme l’assassinat de la reine Minn, sont encore présents à la mémoire du peuple Coréen. Ces nouveaux procédés vont certainement entraîner ce peuple de 19 millions dans une haine encore plus acharnée. En réalité, les Coréens sont plus éloignés que jamais de cette assimilation tant vantée, elle nous semble plutôt un prétexte servant une toute autre cause. Si cette assimilation est réellement le but de l’administration, depuis que les Coréens sont privés du pouvoir, il faudrait que le gouvernement en vue d’élever des citoyens capables dans l’Empire, encourage l’éducation.


L’éducation.

L’éducation devrait être telle que le peuple en soit reconnaissant à l’administration Japonaise. Mais le Professeur Yoshino, qui est sûrement bien informé, écrit : « Comme je visitais une certaine école en Corée, le directeur (qui ainsi que tous les directeurs des écoles gouvernementales est Japonais) m’a dit : « Nous regrettons que les