Page:L’indépendance de la Corée et la paix.djvu/28

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nous ne pouvons reconnaître comme valide la seconde raison. Mais il nous faut reconnaître la première et admettre qu’il était nécessaire, pour le Japon, de contrôler la politique étrangère de la Corée, nation faible, entourée de forces agressives, comme l’ancien Empire Russe, une influence Russe illimitée en Corée eût été une menace sérieuse pour le Japon. Mais une Russie socialiste favoriserait-elle encore maintenant l’ancien rêve de Pierre le Grand ? Est-ce qu’une Allemagne défaite, dont les rêves impériaux sont terminés, représente encore un danger pour la Corée ? Est-ce que les Alliés voudraient, après avoir déclaré si souvent qu’ils ont lutté pour le droit de la libre détermination, est-ce qu’aucun d’eux voudrait annexer la Corée et menacer l’Empire Japonais ? De pareils dangers pourraient exister, mais contre ces dangers il va y avoir le plus grand fruit de la guerre — la Ligue des Nations — qui va lutter contre les vieilles et mauvaises coutumes de ces nations aux fortes armes. Ainsi la première raison n’est pas plus valable que la seconde et l’annexion a perdu sa raison d’être. Même si ces raisons pour l’annexion étaient valables, il y en a une importante qui les détruit : c’est que le Japon gouverne la Corée contre la volonté du peuple Coréen. « Ce n’est pas un gouvernement ». La Corée doit décider elle-même de ses propres affaires.


Colonisation de la Corée.

En Corée le sentiment de la propriété foncière est très intense et est un des éléments du patriotisme Coréen. Cet instinct de la propriété chez le fermier et le paysan était un obstacle à la colonisation Japonaise, et les meilleures terres arables étant naturellement dans les mains des agriculteurs Coréens, l’expropriation de leurs propriétaires fut un des principaux buts de la politique Japonaise.

Pour ce faire, une Compagnie fut instituée sous la direction du Gouvernement Japonais, qui la subventionne d’une somme annuelle de 250.000 dollars prélevée sur le Trésor Impérial. Selon un article du New-York Times du 26 janvier 1919, le but de cette Compagnie est de coloniser la Corée avec les Japonais qui sont incapables de se créer une situation dans leur propre pays. Chacun de ces émigrants Japonais reçoit les frais de son transport en Corée, il lui est donné une habitation avec une portion de terrain à cultiver, des approvisionnements, des semences, etc. Cette Compagnie achète les terrains des fermiers Coréens. L’étendue de la Corée est de 82.000 milles carrés, avec 19 millions d’habitants, pour la plupart agriculteurs qui ne veulent pas se séparer de leur héritage.

« C’est là que l’appui du Gouvernement Japonais », continue l’article, « intervient d’une façon tout à fait asiatique : toute l’organisation financière est centralisée à Séoul, à la « Banque de Chosen », sous le contrôle gouvernemental. Cette puissante institution financière, comparable à la Banque d’Angleterre, à la Trésorerie des États-Unis, à la Banque de France, grâce à ses succursales, draine, comme intermédiaire, toutes les espèces du pays et fait baisser la valeur des terrains. D’autre part le Coréen, pour payer ses impôts et pourvoir aux besoins de son existence, doit réaliser ses terres ; de ce fait la baisse s’accentue rapidement, et les agents de la Banque, à l’affût de ces ventes, achètent ces terrains au cinquième de leur valeur réelle. »

« Plus du cinquième des terrains les plus riches de Corée », ajoute l’article, « est dans les mains des immigrants Japonais, qui en ont été pourvus grâce aux opérations de cette Banque. »