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iv
PRÉFACE.

trême simplicité de ces tours surannés, qui parlent plus au cœur qu’à l’esprit.

Combien je regrette de m’arrêter à ces courtes inductions ; je reviendrai sur ce sujet dans un autre ouvrage : examinons les difficultés que présente la traduction de notre idiome : ce que j’en ai dit ailleurs me servira d’introduction.

« L’idiome wallon n’est pas riche en mots, mais il est riche en acceptions et en onomatopées : nous ne balançons point de l’affirmer, il en est peu d’aussi rapprochés de la nature.

» Chaque langage a son génie particulier ; il faut avoir assisté à la génération des idées pour en rendre le type distinctif.

» Par la raison que notre langage a de grands rapports avec la langue française, trop souvent nous nous exprimons par opposition à la pensée que nous voulons rendre ; ou nous tombons dans de contres-sens qui prêtent singulièrement au ridicule… Ne cessons jamais de le répéter, l’analogie ne constitue point l’identité. »

Il est incontestable que nous avons une infinité de termes qu’on ne saurait rendre sans périphrase. Chez nous le son imitatif nomme l’objet ou la chose de manière à ne s’y tromper jamais. Cependant, nous ne pouvons nous le dissimuler, nous n’échappons pas toujours aux inconvénients des traductions littérales : partout le pauvre subit les conséquences de sa position sociale : dans un autre sens, nos crésus ne sont guère mieux dotés : les bonnes et plus tard les valets, arrivent avec leur étrange vocabulaire, pour préluder à leur éducation. Nous avons parlé wallon avant d’entrer dans les écoles, les pensions, les colléges : nous le parlons encore quand nous pouvons

    et le nôtre. M’entretenant un jour avec un littérateur Provençal, je lui parlai de notre langage avec une prévention plus consciencieuse que nationale : il m’opposa l’idiome de son pays ; traduisit un long alinéa de l’histoire romaine ; j’en fis de même en wallon ; et à notre mutuel étonnement, nous reconnûmes par l’analyse un génie commun, des ellipses et des contractions absolument homogènes dans les deux idiomes ; sans trouver une seule expression qui eut un air de famille. — Goudouli, poète, gascon, et inimitable par sa douceur et son enjouement.