La Beauceronne
Oh ! quand luira ce jour, terre du ciel bénie,
Ô ma Beauce ! où j’irai vivre de ton air pur ?…
J’aime les bleus lointains de ta campagne unie
Qui bordent l’horizon d’un éternel azur !
Toi qui vas sur la France
Épanchant, tous les jours,
Ta corne d’abondance,
Qui se remplit toujours ;
Oui, je t’aime, ô patrie !
Champs dorés où Dieu mit mon berceau !
Terre absente et chérie,
Loin de toi, rien n’est beau !
J’aime l’immensité de tes fertiles plaines
Que mesure l’oiseau libre dans son essor,
Quand les brises d’été, sous leurs chaudes haleines,
De tes blés mûrissants agitent les flots d’or :
Mer d’épis où surnage,
Ombre unique au tableau,
Un clocher de village,
Comme un mât de vaisseau.
Oui, je t’aime, etc.
J’aime tes verts guérets semés de boutons jaunes ;
Les bluets des sentiers où, joyeux, si souvent
Pour mon front enfantin je tressai des couronnes,
Diadèmes de fleurs dispersés par le vent !
Que de fois, à cet âge,
Couché dans les moissons,
L’alouette sauvage
Me berça de chansons !
Oui, je t’aime, etc.