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lecteur, & non pas de l’intéreſſer, je lui ferai grâce de cette triſte ſcène & de ſes ſuites. J’avois ſeize ans ; J’étois charmante, maîtreſſe abſolue de ma perſonne, mais ſans fortune, & ſans moyens honnêtes pour ſubſiſter ; je ſavois très-bien me parer, mais j’ignorois même l’art de faire mes parures.

A une demi-lieue de notre habitation, demeuroit un ancien militaire, homme de quarante-cinq ans, retiré du ſervice, avec la croix ; il jouiſſoit d’une fortune conſidérable, qu’il mangeoit, partie dans la terre ſuperbe qu’il habitoit l’été, partie à Bordeaux où il paſſoit tous les hivers. C’étoit un homme de plaiſir qui n’avoit jamais voulu ſe marier pour être ſon maître abſolu ; il m’a-

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