Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/108

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entendre que toutes les créatures sont en moi.

7. Tous les êtres, ô fils de Kuntî, à la fin du kalpa[1], rentrent dans ma prakṛiti[2] ; au commencement du kalpa, je les rends à l’existence.

8. C’est au moyen de ma prakṛiti que je produis et reproduis toute cette foule des êtres, mécaniquement, par la seule poussée de la prakṛiti.

9. Et cette activité, ô Dhanañjaya, ne m’enchaîne pas, car j’y demeure comme étranger, étant sans aucune attache à ces œuvres.

10. C’est grâce à moi que la prakṛiti produit toutes les créatures vivantes ou inertes ; mais je ne suis là que spectateur ; et c’est ainsi, ô fils de Kuntî, que le monde évolue.

11. Incorporé dans une figure humaine, les égarés me méconnaissent ; ils ignorent mon essence suprême de souverain Seigneur des êtres.

12. Insensés, dont les espérances, les œuvres et la science sont également vaines et qui s’abandonnent aux égarements propres par nature aux démons et aux esprits mauvais !

13. Mais les sages, ô fils de Pṛithâ, qui relèvent de la nature divine, s’attachent à moi unique-

  1. Période cosmique.
  2. La prakṛiti, on l’a vu, c’est le monde sensible et vivant ; elle est conçue, dans le syncrétisme qui prévaut ici, comme une sorte d’extériorisation de l’âme universelle avec laquelle est identifié le Dieu.