Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/20

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face d’un poème immense, impersonnel, qui a dû s’accroître par stratifications successives ? On admet que le texte que nous possédons ne s’est plus modifié sensiblement depuis les environs de l’an 300 de notre ère. Qu’est-ce à dire si les parties les plus anciennes en peuvent être, en substance, antérieures de bien des siècles ?

Il ne reste qu’à considérer notre épisode en lui-même. Les questions se pressent. Quelle est sa date ? Quelle place tient-il dans l’évolution religieuse ?

La Bhagavadgîtâ n’est pas l’exposé méthodique d’une doctrine organiquement ordonnée. Elle se déroule en une trame très lâche. Assurément, on y reconnaît à plusieurs reprises le souci de se relier aux données de la scène où elle est assez artificiellement enchâssée ; mais, en somme, les idées y vont et reviennent sans enchaînement exact ; les répétitions y foisonnent et certains développements s’y donnent carrière sans proportion avec l’importance doctrinale des sujets qu’ils touchent. Des affirmations y voisinent qui se heurtent ou se contredisent.

On s’est refusé à croire que des disparates si évidentes pussent remonter à une composition unique. On a supposé que, tel qu’il nous est parvenu, le poème résultait d’une double élaboration : un