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Topographie, &c.

du St. Laurent, sa profondeur est de 50 à 60 brasses. Le cours de cette rivière, malgré sa grandeur, est très sinueux, à cause du grand nombre de pointes saillantes de chaque côté du rivage ; la marée la remonte à environ 70 milles ; et à raison des obstacles occasionnés par les montagnes nombreuses, le reflux est beaucoup plus tard que dans le St. Laurent ; en conséquence, à la basse eau dans le dernier, la force des eaux descendantes du Saguenay se fait sentir à plusieurs milles. À l’embouchure de cette rivière, tout vis-à-vis la Pointe aux Alouettes, se trouve le port de Tadousac, qui est très bien abrité par les hauteurs qui l’entourrent, et qui a un bon ancrage pour un grand nombre de grands vaisseaux, où ils peuvent rester en parfaite sûreté. »

MM. J. M’Kenzie et J. M’Douall, traiteurs, qui ont paru, il y a deux ans, devant un comité de la Chambre d’Assemblée, ont beaucoup ajouté aux renseignemens que l’on avait déjà sur ce sujet. Voici en substance comment Mr. M’Douall répond aux questions du comité.

Le Saguenay est navigable pour des vaisseaux de toute grandeur jusqu’à Chicoutimy, à 30 lieues environ de son embouchure dans le St. Laurent. On y trouve plusieurs rades et plusieurs ports, et il reçoit un grand nombre de rivières, dont les plus considérables sont celles de Ste. Marguerite, la Trinité, le Petit Saguenay, et Chicoutimy. La Trinité est de la même largeur que la rivière St. Charles, à Québec : elle forme un beau port à son confluent, et dans les endroits où elle se rétrécit, on a établi des pêches au saumon. La rivière Ste. Marguerite est plus large que celle de St. Charles : elle est navigable pour les canots à une grande distance, jusqu’à une centaine de milles, au rapport des sauvages. Le Chicoutimy n’est pas tout à fait aussi large que la rivière Batiscan, mais il y a autant d’eau. Cette rivière serait navigable pour des canots l’espace de dix lieues, si ce n’était de trois chûtes, ou forts rapides, qui se trouvent à son confluent. Mr. M’Douall ne connaît le Petit Saguenay que pour en avoir entendu parler, À 20 lieues de l’embouchure du Saguenay est la baie de Ha-Ha, dans laquelle tombent deux petits cours d’eau où il y a des pêches au saumon. Cette baie forme un beau port de trois lieues de circuit, où l’ancrage est sûr, et où les vaisseaux sont à l’abri de tous les vents. Au delà de Chicoutimy, le Saguenay n’est plus navigable, à cause des précipices et des chûtes épouvantables dont parle le Colonel Bouchette, et dont, suivant Mr. M’Douall, nul homme, soit Canadien, soit sauvage, n’a jamais ôsé approcher. La plus terrible de ces chutes est à trois lieues au delà de Chicoutimy.

Le climat, sur les bords du Saguenay, est, suivant Mr. M’Douall, ou plutôt, suivant ce qu’on lui en a dit, plus tempéré qu’à Québec : la végétation y est aussi rapide, plus même peut-être, que dans le voisinage de cette capitale du Canada. Les grains et les