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Poésie.

lumes, je ne pouvais vivre, ou ne pouvais être que malheureux tant que je vivrais. Mes parens, voyant non seulement à mon discours, mais encore à toute mon habitude mentale et corporelle, que ce soin me dévorait en quelque sorte, se déterminèrent à me faire étudier, quoiqu’il leur en coutât.

M.


POÉSIE.


LE LEVER DU SOLEIL.


Déjà l’astre du jour s’est emparé du ciel ;
Il lance par faisceaux ses rayons sur la terre,
Et je découvre, à sa lumière,
Les prodiges sortis des mains de l’Éternel.
Mon âme élance-toi vers cette clarté pure ;
Des portes du matin admire la nature,
Et remplis-toi de son auteur.
Ah ! si nos yeux pouvaient, sans blesser leur paupière,
Approcher du soleil, contempler sa splendeur,
Et s’enfoncer dans sa lumière !
Ils ne verraient qu’un océan de feux
Qui ne rencontre aucuns rivages,
Que tourbillons brûlants, luttant sans cesse entr’eux,
Et dès la naissance des âges,
Embrasant les plaines des cieux.
La pierre se dissout, bouillonne avec furie,
Au sein de ses foyers ardents ;
La flamme roule par torrents,
La lumière par flots jaillit et tombe en pluie.
C’est aux clartés de tant de feux divins,
Que marchent les saisons, qu’agissent les humains.
Mais, grand Dieu, cet amas de lumière éternelle,
Qu’est-il devant tes yeux ? à peine une étincelle.
Ce disque dont tes mains ont arrondi les bords,
Dont jamais les feux ne s’épuisent,
Colore seulement la surface des corps
Où ses rayons se brisent.
Ton œil plus pénétrant perce leurs profondeurs ;
Réunit sur un point les déserts de l’espace ;
Il ne parcourt pas, il embrasse,
Et du même regard il sonde tous les cœurs.

LE MIERRE.