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PHYSIQUE.

Le morceau qui suit a été publié dans le Canadien, il y a une vingtaine d’années ; ce qui ne doit rien lui ôter de son mérite, non plus que de sa nouveauté pour la plupart de nos lecteurs. D’ailleurs, nous désirerions suivre dans les sciences, comme dans l’histoire, une espèce d’ordre chronologique ; et s’il était des morceaux scientifiques écrits plus anciennement en Canada, et sur le Canada, il n’en est pas du moins qui traite de choses plus anciennes.

La Ville de Québec est bâtie sur une montagne qui, à une époque reculée, formait une île. Cette montagne s’étend en longueur depuis le confluent de la rivière St. Charles et du fleuve St. Laurent jusqu’à la rivière du Cap Rouge, et en largeur, depuis la rive du nord du fleuve jusqu’à la côte d’Abraham. Elle n’est bien visible que du côté du fleuve ; le reste est couvert d’alluvions depuis deux jusqu’à cinq à six pieds d’épaisseur : de sorte que cette terre est arable partout, et qu’on y sème annuellement des grains. Elle n’est point non plus de formation primitive ou coexistante avec ce continent ; mais le résultat d’alluvions ou de dépositions successives. Ses couches ou lits vont du nord-est au sud-ouest, et inclinent un peu vers le nord. On dirait, au premier coup d’œil, qu’elle est composée de schiste argileux. Mais d’après l’analyse que j’ai faite de plusieurs échantillons de pierre, pris en divers endroits de la montagne, elle est composée de pierre calcaire. Cette pierre calcaire est bien loin d’être pure ou de formation primitive, telle que celle qui se trouve à Beauport, au nord de Québec, mais est chargée de différentes matières étrangères. On y trouve aussi des cristaux de roche et du marbre blanc. Au nord de cette montagne est une vaste plaine, coupée par la rivière St. Charles, qui charie les eaux des montagnes voisines dans le fleuve St. Laurent.

J’ai cru devoir vous faire ce petit détail, avant d’en venir à l’époque où ce continent était entièrement submergé.

Je pense donc qu’au tems de la submersion du continent d’Amérique, les plus hautes montagnes furent couvertes d’eau. Cette supposition ne paraîtra pas gratuite, si l’on considère que l’on a trouvé des substances marines, tels que des coquillages de mer, sur les montagnes de Kaatskill dans l’État de New-York. À cette époque mémorable, la montagne que nous habitons n’existait pas encore. Une vaste mer couvrait les campagnes d’alentour. Mais cet ordre de choses ne devait pas toujours durer. Les phénomènes de la vaporisation, de la cristallisation et de la congélation devant bientôt s’opérer, les eaux commencèrent à se retirer, et ce continent prit alors la forme constante et durable que nous lui remarquons à présent. Les fleuves et les rivières prirent leurs lits et