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Physique.

les eaux furent amenées par divers canaux à un réservoir général qui forme l’Océan Atlantique,

C’est de ce tems reculé que nous devons dater la formation du Cap-au Diamant. La chaux venant à se cristalliser, ou en d’autres termes, devant se saturer de gaz acide carbonique, s’est déposée par couches, qui ont suivi, comme il paraît, la direction des courans. Ceci s’accorde parfaitement avec les monumens encore subsistans de cette catastrophe de la nature. Car je conçois que les couches de cette montagne ont été déposées, et en quelque sorte comprimées par les courans contraires des eaux du fleuve St. Laurent et de celles qui descendaient des montagnes voisines. Cette assertion n’est point du tout invraisemblable, si l’on envisage que l’on trouve actuellement différentes pierres étrangères, incorporées ou incrustées dans les lits qui sont dégradés de la montagne. Les cristaux de roche et le marbre blanc, qu’on y trouve, se sont formés en vertu des attractions électives. Ainsi la conformation actuelle du Cap-au-Diamant prouve donc que cette montagne a été formée à une époque postérieure à la création, et que la direction de ses couches a été entièrement déterminée par des courans contraires.

Cette montagne, qui n’est plus qu’une presqu’ile, formait dans son origine une île : parceque, premièrement, chaque extrémité de la montagne forme un angle saillant, et secondement les eaux de la rivière du Cap-Rouge, qui charrie aussi des eaux des montagnes voisines, ont été jetées avec une telle force du côté opposé, par l’angle sud-ouest de la montagne, qu’on dirait que ces lieux viennent d’être sillonnés par quelque grande inondation, tant l’empreinte de leur ancien état est profond.

Cette vaste plaine, qui se trouve actuellement entre cette île d’autrefois et les montagnes du nord, formait aussi par conséquent le lit d’un lac immense. On y remarque encore aujourd’hui les ondulations ou les coteaux formés par les courans. On y voit encore épars çà et là des pièces énormes de granit que les courans ont détachées et fait descendre des montagnes voisines. Car, pourquoi ces pièces de granit se trouveraient-elles à présent à de si grandes distances de leur montagne-mère ? Pourquoi celles qui se trouvent dans les plaines sont-elles arrondies ou sphériques, tandis que celles des montagnes sont angulaires ? Il faut donc admettre un agent qui les ait travaillées, et cet agent ne peut être que l’eau, agitée par des courans rapides.

Si tout ce qui vient d’être dit n’était pas suffisant, pour vous convaincre de la vérité de mes avancés, je demanderais comment ont pu se former les lacs qui se trouvent au nord des montagnes et dont les eaux se déchargent, par de longs détours dans le fleuve St. Laurent ? La rivière Ste. Anne, par exemple, fait plus de trente lieues de détours pour parvenir au fleuve. Cela ne prouve-t-il pas que ces lacs, dont il résulte des rivières, ont été formés