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Botanique.

le soir, quand il se couche, que le spectacle est vraiment ravissant. Je ne pus détacher mes regards de ce superbe tableau, que quand l’obscurité naissante l’eut un peu rembruni. Alors, au doux plaisir que j’avais goûté succéda une triste, pour ne pas dire une sombre, mélancolie. Comment se fait-il, dis-je en moi-même, qu’un si beau pays ne soit point habité par des créatures humaines ? Les chansons, les hymnes, les prières, du laboureur et de l’artisan, heureux et paisible, ne seront-ils jamais entendus dans ces belles campagnes ? Pourquoi, tandis qu’en Europe, et en Angleterre surtout, tant de milliers d’hommes ne possèdent pas un pouce de terre, et cultivent le sol de leur patrie pour des propriétaires qui leur laissent à peine de quoi subsister ; pourquoi tant de millions d’arpens de terres, en apparence grasses et fertiles, restent-ils incultes et absolument inutiles ? ou, du moins, pourquoi ne nourrissent-elles que des troupeaux de bêtes fauves ? Les hommes aimeront-ils toujours mieux végéter toute leur vie sur un sol ingrat, que d’aller chercher au loin des régions fertiles, pour couler dans la paix et l’abondance, au moins la dernière partie de leurs jours ? Mais, je me trompe : il est moins aisé qu’on ne pense à l’homme pauvre d’améliorer sa condition : il n’a pas les moyens de se transporter dans des contrées lointaines, où il n’a plus ceux d’y acquérir une propriété : car ces terres incultes, désertes, abandonnées, ne sont pas « à quiconque veut s’y établir et les cultiver ; elles ont des possesseurs, et il faut acheter d’eux le privilège de les rendre fertiles et productives ! On ne doit pas, d’ailleurs, se faire illusion : ces contrées, par fois si délicieuses, ne jouissent pas d’un printems perpétuel ; elles ont leur hiver, et un hiver rigoureux : un froid perçant est répandu dans l’atmosphère ; une neige épaisse couvre la surface du sol ; les fleuves glacés ne coulent plus que pour les poissons ; les arbres sont dépouillés de leurs feuilles, et couverts de verglas ; la verdure des prés a disparu ; les collines et les vallons n’offrent plus qu’une uniforme blancheur ; la nature a perdu toute sa beauté ; et l’homme a assez à faire de se mettre à l’abri des injures du tems.



BOTANIQUE.

Un médecin français, nommé Jacques Cornutus, ou Cornuti, qui voyagea, il parait, en Amérique, dans le XVIIème siècle, a donné en latin, en un volume in-quarto, Paris, 1685, une Description des Plantes du Canada, ou plutôt de l’Amérique Septentrionale, car de son tems, on comprenait sous le nom de Canada, une grande partie de ce qu’on appelle présentement États-Unis. Si le livre de Cornutus se trouve dans ce pays, et s’il mérite d’être consulté aujourd’hui, c’est ce que nous ignorons : il paraît pourtant