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basse, et y passa ses jours en jeusnes, oraisons et dévotions jusques à la fin. » (Le Baud, Hist. de Bretagne, ch. XXII, p. 149.)

L’année précise où cette princesse commença à gouverner le monastère n’est pas exactement connue. Du texte de l’acte de fondation, il résulte que ce ne peut être qu’après l’an 1008 et antérieurement à l’an 1030. Son frère, le duc Alain III, fondateur de Saint-Georges, était un puissant suzerain : chef universel et indépendant de toute la Bretagne, il s’intitulait duc, prince et même roi : « Qui etiam rex a non nullis vocabatur, » dit le Cartulaire de Redon [1].

Alain aimait tendrement sa sœur Adelle ; il combla de bienfaits l’abbaye qu’il fit construire pour elle. Sa mère et son frère Eudon le secondèrent et l’imitèrent dans ses pieuses largesses.

Quand la duchesse Havoise mourut, en 1034 ; quand le duc Alain descendit au tombeau, en 1040, Adelle possédait déjà une grande partie des revenus qui formèrent, jusqu’à la fin, la dotation de son monastère. Il est facile de le vérifier en parcourant le Cartulaire.

Dès l’origine, l’abbesse, en adoptant la règle de saint Benoît, reçut dans sa communauté, outre les jeunes vierges qui y consacraient à Dieu leur jeunesse, des femmes déjà avancées dans la vie et des veuves ; la coutume s’établit, avec le temps, de n’y admettre que des filles de haute lignée, bien qu’aucun statut écrit ne servît de fondement à cet usage. L’abbaye de Saint-Georges jouit donc, tout d’abord, d’une grande importance locale, et fut regardée comme un des plus riches bénéfices du duché. Outre les fiefs et les revenus

  1. V. Cart. Rotonense (Aur. de Courson) : « Ex jussu et voluntate Alani tocius Britannie ducis, Gaufridi filii, qui etiam rex a non nullis vocabatur. »