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traux. Ces personnes pénétrant dans les cellules et les réduits les plus secrets de la maison conventuelle, le scandale allait plus loin ; on y mangeait, on y buvait, on y faisait festin avec ces étrangers, on sortait du monastère, on se permettait de fréquenter les demeures mondaines ; la célerière et la sous- cëlcriere, et les autres religieuses chargées de l’administration de la mense, en dissipaient et gaspillaient les revenus, en disposaient même au profit de leurs parents ou d’autres personnes séculières.

Un tel état de choses n’était pas tolérable. Le Pape en fit justice en frappant d’excommunication tous les coupables qui persisteraient dans de pareils déportements, et pour la stricte exécution de ses ordonnances, il commit l’abbé de Penpont, l’archidiacre de Porhoët et l’official de Rennes.

Les scandales furent réprimés, mais l’insubordination suivit son cours.

Les religieuses résistèrent plus d’une fois à des nominations d’abbesses qu’elles considéraient comme faites au préjudice de leur droit d’élection, ou bien il y eut des cabales et des intrigues pour substituer ’a une abbesse en possession une autre titulaire, élue par une partie des religieuses et rejetée par une autre partie, quelquefois imposée par le souverain. Car l’abbaye de Saint-Georges étant de fondation princière — on l’appela après la réunion de la Bretagne à la France, Abbaye Royale — les derniers ducs et les rois de France s’attribuèrent le droit de contrôler et de ratifier les élections des abbesses.

Après une lutte de quelques années, le roi mit définitivement la main sur le droit d élection, et, a partir de François Ier, l’abbesse resta à la nomination royale.