Page:La Bigne Villeneuve - Cartulaire de l’Abbaye Saint-Georges.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
− 68 −

du moyen âge. Il n’en est pas moins très-curieux sous ces divers rapports, bien que renfermé dans un horizon moins étendu et dans des proportions plus réduites.

En Bretagne, la féodalité territoriale régnait sans entraves et avec toutes ses conséquences, au début du xie siècle ; c’est dans les conditions de ce régime, et avec les relations et les obligations qu’il comportait entre le seigneur et ses vassaux, que l’abbaye de Saint-Georges fut investie des donations du duc Alain III, des princes de sa famille et des hauts barons de Bretagne.

Le Cartulaire renferme, a ce sujet, d’intéressants documents ; un des plus curieux est, sans contredit, la convention passée vers 1036, suivant du Paz, par l’abbesse Adèle, sœur d’Alain III, avec un de ses feudataires ou tenanciers nobles nommé Donoal. Elle lui permit de construire un château, « castrum sibi agere, » à Tinténiac, « in Tinteniaco, » à condition qu’il se reconnût l’homme lige de l’abbaye et qu’il ne pût jamais transférer son hommage, dans aucun cas, a nul autre suzerain.

De plus, Donoal s’engageait à ne jamais donner asile ni protection a un ennemi de Saint-Georges. S’il faussait son serment de fidélité, il perdait son fief comme parjure et foimentie. — « Quod si prefatus Donoalus hujus convencionis quidpiam transgressor fuerit, quicquid sibi honoris Sancyi Georgii est concessum amittat velut perjurus et infidelis. »

Le mot honor, dans la latinité du xie siècle, est synonyme de feudum ; c’est le fief confié à la foi du noble tenancier, et plus particulièrement encore le manoir principal, le chef-lieu de la châtellenie féodale. Dès l’époque des empereurs carlovingiens, le titre honor s’appliquait déjà aux bénéfices concédés viagèrement aux hommes de guerre par le souverain dont ils suivaient la bannière et à qui ils avaient voué leur service militaire.