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Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/208

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I22 ESTIENNE DE LA BoÉ'rIE — plus riches citoyens. Certes, dit il, ô Socrates,_pou1: faire ainfi que ie t’ay dit, ie fuis certain que i’en fuis calomnie par pluüeurs, &, poiüble, ton intention eftoit de t’enquerir de moy pour quelle raifon on m’a nommé. Bel-&-Bon`. 5 Ch¤1>· 19- Encore eftois-ie à rnefme, dis-ie adonc, de te demander ii tu t’eftudies iamais de fçauoir comment tu dois parler, 8L comment il te faut prendre les propos d’autruy, fi cela par fois te faifoit befoing en l’endroit de quelqu’vn. Et, comment, dit Ifchomache, io _ ne vois tu pas que ie m’y eftudie quaii fans ceffe? Mzuma Premierement à me iuftilier, de tant que ie ne. fais Pm"' tort à perfonne, & bien à plufîeurs, de tout mon vpouuoir; auiïi à fçauoir accufer, de tant que ie: voy tous les iours tant de gents faifans tort & à plufieurs IS particuliers, & à la ville mefmes, & pas- vn feul qui face bien. Voire, dis-ie; mais declaire. moy encore ce point, Ii fçachant tout cela tu t’exerces· apres, & mets peine de le fçauoir dire. Pour vray, ô Socrates, dit il, ie ne chaume iamais de m’exercer à parlerf car ou zo bien i’ay mes valets, dont y a touiiours quelqu’vn d’entre eux. qui accufe, l’autre qui fe iuitifie; & puis ie m’effaye de conuaincre celuy que ie penfe auoir tort; ou bien ie me plains de quelqu’vn à mes amis,. ou ie leur louë quelque autre, ou i’appointe quelqu’vn 25 de mes cognoiffans, m’eH`orçant de leur faire entendre qu’ils auront plus de proufit de viure en amitié que d’eftre en querelle; ou bien fi ie fuis auec le luge,. nous chaitions quelqu’vn de parolle, ou remonftrons l’innocence de celuy qui eit iniuftement accufé, ou 30 nous accufons l’vn l’autre entre nous, Bil nous eft adnis;