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Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/281

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LETTRE DE c:oNsoLATioN I95· maintenant morte, n’eftoit pas encores nee; & Q ne peutjèruirde penlions nous pas lors auoir occafion aucune de nous COHNWO"` plaindre de la fortune. Puis, ayant penfé à ce temps là, « [c0m]m.·mz 35 affemble le auec celuy de maintenant, & tu trouueras lgaïëflîl- que l’eftat de nos affaires eftoit lors, & eft à cefte U[%1ãÃ,îX° heure entierement pareil. Car, fi nous eftimons que p°“'l£‘g]‘” nous auions plus de raifon de nous contenter, auant /“°"l"l"‘ "· ,qu’elle nafquit, il femblera, ma femme, que nous 40 foyons courroucez & defplaifans de fa naiffance. Or, les deux ans d’entre deux, qui a efté le terme de fa vie, il ne faut point les tirer hors ny rabbattre de noftre memoire; mais, comme nous ayant apporté iouiffance d’autant de faueur & de bien, les compter 45 pour plaifir, & non pas reputer vn bien court à grand mal, ny eftre ingrats enuers noftre fortune du prefent qu’elle nous a fait, pour ce qu’elle ne l’a pas augmenté de tant comme nous efperions. Car certai- ` nement on ne peut faillir à. tirer vn bel & plaifant Qzfilfzfaut 50 fruiêt de dire toufiours bien & fe contenter de ce que Dieu a voulu, & de prendre à gré, & fans fe à Dm" plaindre, ce que la fortune nous baille. Et, en telles chofes, celuy qui rameine le plus à foy la fouuenance des biens paffez, & qui deltourne & retire l’entende· 55 ment des chofes qui le troublent & obfcurciffent, pour le remettre en la partie de fa vie qu’il a trouuee la plus belle & la plus claire, c’eft vrayement celuy la qui en efteint entierement fa douleur, ou, pour le moins, Pafïoiblit &. Pamortit, la deftrempant auecques 66 la meflange de fon contraire. Car tout ainfi que les similitude onguents de bonne odeur refiouiffent touiiours le fen- à mt"' timent, & fi font vn preferuatif contre les mauuaifes