Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/366

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280 ESTIENNE DE LA BOÉTIE XIX Enfant aueugle, nain, qui n’as autre prouëffe, Sinon en trahifon quelque flefche tirer, Qui n’as autre plaifir finon de defchîrer En cent pieces les cœurs de la folle ieuneffe; Le corps fans honte nud fi ton pere te laiffe, ‘ 5 Il monftre qu’on fe doit loing de toy retirer, Qui n’as rien que les cœurs que tu peux attirer Par les trailtres appas de ta main larronneffe. Meurtrier, larron, pipeur, dy moy, dy hardiment, Si rien aux tiens iamais tu donnas que tourment? ro Ores, fans t’efpargner, de toy ie me veux plaindre, Quel mal me feras tu que ie n’aye enduré? Mes maulx m’ont fait meshuy contre toy affeuré : I’ay defià tant fouffert que ie n’ay rien à craindre. XX Ie ne croiray iamais que de Venus fortiffe Vn tel germe que toy. Or ta race i’ay fceu, O enfant fans pitié : Megere t’a conceu, Et quelque louue apres t’a baillé pour nourriffe. Petit monitre maling, c’eIt ta vieille malice, 5 Qui te tient acroupi; aucun ne t’a receu