Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/376

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290 ESTIENNE DE LA B©ÉT1E V I’ay veu fes yeux perçans, i’ay veu fa face claire ` (Nul iamais fans fon dam ne regarde les Dieux); Froit, fans cœur, me laiffa fon œil victorieux, Tout eftourdy du coup de fa forte lumiere : 4 Comme vn furpris de nuit aux champs, quand il efclaire, Eltonné, fe pallift ii la üeche des cieux, ` Siillant, luy paffe contre & luy ferre les yeux; Il tremble, & veoit, tranfi, Iupiter en colere. Dy moy, Madame, au vray, dy moy, fi tes yeux vertz 9 Ne font pas ceux qu’on dit que l’Amour tient couuerts? Tu les auois, ie croy, la fois que ie t’ay veüe; Au moins il me fouuient qu’il me feuft lors aduis Qu’Amour, tout à vn coup, quand premier ie te vis, Desbanda deffus moy & fon arc & fa veüe. VI Ce dict maint vn de moy: « Dequoy fe plaint il tant, Perdant fes ans meilleurs, en chofe fi legiere? Qu’a il tant à crier, ii encore il efpere? · Et, Bil n’efpere rien, pour quoy n’eft il content? >> Quand i’eft©is libre & fain, i’en difois bien autant; 5 Mais certes celuy là n’a la raifon entiere,