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former un volume, également imprimé à Bâle, en 1541, et qui comprenait déjà plus de la moitié des moralia[1].

C’est sur le texte de Plutarque donné par Froben, fort défectueux malgré ses améliorations, que La Boétie exerça son jugement. À ses côtés, son collègue et ami Arnaud de Ferron se livrait à la même étude avec un zèle digne d’éloges. Il s’occupait à mettre en latin divers opuscules non encore traduits de Plutarque[2] et ses traductions parurent successivement à Lyon en 1555, 1556 et 1557. Pour mener à bien une semblable tâche, Ferron recourait à l’obligeance des érudits avec lesquels il était lié : à Jules-César Scaliger il demandait des préfaces et probablement aussi des conseils ; il consultait La Boétie sur le résultat de ses lectures et de ses observations. La preuve matérielle de cette collaboration nous est fournie par la traduction du traité de l’Amour, publiée par Ferron chez Jean de Tournes, en 1557[3]. À la suite de cette traduction se trouvent plusieurs restitutions intéressantes et une note nous informe que la plupart sont dues à La Boétie. Sans doute ce sont la des remarques sans prétention et dont il ne faudrait pas surfaire l’importance ; elles sont curieuses cependant à envisager à bien des égards.

C’était le produit de ses propres conjectures, de ses recherches personnelles, que La Boétie échangeait ainsi avec Ferron, et l’érudition nullement pédantesque, qu’il apportait en tout ceci, prouve bien qu’il s’exécutait avec plus d’amicale bonne grâce que d’ambition philologique. Tous les renseignements fournis par La Boétie n’ont pas été publiés par Ferron : nous n’en possédons qu’une partie et il est vraisemblable même qu’en les écrivant La Boétie n’avait pas la pensée de les voir imprimer un jour. Sans doute, quand ces doctes restitutions arrivaient à leur heure, Ferron se hâtait d’en faire son profit, et il agissait sagement de prendre ainsi, sans façon, ce que lui offrait si cordialement son collègue. Ce qui en reste permet de se faire une idée du travail fourni au traducteur de Plutarque par le jeune et éminent helléniste. L’examen de ce fragment de commentaire sufiit surtout

  1. Plutarchi Chœronei philosophi et historici clariss. opera moralia quœ hunc usque diem latine extant universa. Basileæ, apud Mich. lsingrinium, anno MDXLI, in-folio.
  2. Il traduisit notamment le petit traité de Plutarque : Ne vivere quidem jucunde quemquam posse qui sectam sequatur Epicuri (Lyon, 1555), celui Contra Coloten (1555), celui De inscriptione Delphici templi (1557) et le traité apocryphe Pro nobilitate (1556).
  3. Voir ci-dessous Appendice VI.