Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/23

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esprit moulé au patron d’autres siècles que ceux-ci. »

Ainsi s’exprime Montaigne et les faits viennent confirmer ce qu’il en dit. Comme on le voit, c’est contre son gré et sans son assentiment que l’œuvre de La Boétie vit le jour. Bientôt elle fut publiée. Dix ans après la mort de La Boétie, en 1574, un long fragment était inséré, sans commentaire, d’abord en latin (Dialogi ab Eusebio Philadelpho cosmopolita, 2e dialogue, p. 128-134 et peu après en français (Le réveille matin des Français, 2e dialogue, p. 182-190), un recueil dans lequel il n’était pas malaisé de reconnaître la main de François Hotman. L’esprit de polémique était plus manifeste encore dans les Mémoires de l’Estat de France, rassemblés en 1574 par Simon Goulard, un pamphlétaire huguenot qui insérait le texte entier de l’œuvre de La Boétie, discrètement accommodé à l’usage qu’on en prétendait faire.

La curiosité du lecteur était désormais attirée sur cette œuvre. Maintes fois elle fut réimprimée dans le recueil de Simon Goulard, Mémoires de l’Estat de France, qui reparut plusieurs fois sous des formes diverses, mais toujours avec le même titre, qui donnait un texte accommodé, par endroits, aux aspirations de