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NOTICE HISTORIQUE

vitesse pareille ! qui tire à botte nommée, d’une portée folle ! qui tient toujours hors de mesure, avec une garde des plus imposantes ! Vouloit-on prendre son fer, on ne trouvoit rien ; sa pointe avoit une telle légèreté qu’on ne pouvoit la sentir ; si malheureusement on vouloit s’emporter on étoit pris d’un coup d’arrêt avant que le pied eût touché à terre ; enfin on n’osoit rien tenter : les coups droits, les dégagements se succédoient et accabloient.

Ménageant bien sa vitesse, il ne l’employoit qu’à coup sûr. Contre un adversaire qui lioit bien la parade, il ne tiroit qu’après avoir fait un temps, afin de passer un coup de légèreté au moment où l’on joindroit le fer. On sait qu’en tirant sur un liement, quelque prompt qu’on soit, on peut tirer trop tard, et être paré ; en conséquence il faut tâcher de faire serrer le fer, et interrompre le liement par un temps quelconque ; c’est ce que Saint-Georges exécutoit avec une grande précision. Il étoit impossible de lui faire des coups pour coups, quelque déterminé qu’on fût. Il avoit l’esprit présent à tout, et ne tiroit jamais sans être assuré du fer. S’il s’apercevoit qu’on lui opposât un mauvais jeu, le fer étoit dérangé par des croisés et des battements si vigoureux et si élastiques que les bras en étoient brisés ; qu’on juge des développements hardis qui s’ensuivoient, ainsi