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LA BATAILLE DES TRENTE[1]

(26 Mars 1351)

I

la cause de la bataille

Trente Bretons, trente Anglais : un petit nombre, une grande cause[2].

Ces Trente sont, de part et d’autres les champions attitrés de deux vieilles races qui viennent, dans un champ-clos solennel, montrer au monde la vaillance de leur sang, la force de leurs bras et de leurs cœurs, l’invincible antipathie de leurs âmes et de leurs caractères.

Pas un des soixante champions, quoi qu’en ait dit Froissart, ne

  1. Extrait du tome III de l’Histoire de la Bretagne, par M. Arthur de la Borderie.
  2. L’histoire du combat des Trente se fonde sur deux témoignages contemporains de l’événement : les Chroniques de Froissart, et un poème ou, si l’on veut, une chronique rimée émanant probablement d’un témoin oculaire, intitulée : La Bataille de XXX. Englois et de XXX. Bretons, ou simplement la Bataille des Trente, — car au moyen-âge et chez nos anciens historiens cette lutte fameuse est toujours appelée bataille et non combat. Le récit spécial assez étendu qu’en donne Froissart est au tome IV de l’édition Luce, p. 110 à 115 et 338 à 340. Deux mentions incidentes de la bataille des Trente se rencontrent encore dans le même chroniqueur, l’une à l’année 1348, même édition, même volume, p. 70 et 302, l’autre à l’année 1377, édit. Luce continuée par M. Raynaud, t. IX, p. 4.

    Quant au poème, l’original n’existe plus ; il en reste deux copies écrites à la fin du XIVe siècle ou au commencement du XVe, l’une en Bretagne, l’autre en Picardie dans laquelle les noms propres sont affreusement estropiés, l’une et l’autre présentant de nombreuses lacunes mais se complétant l’une par l’autre et formant ainsi un ensemble de 38 laisses ou couplets monorimes à la façon des chansons de geste et de 584 vers de douze syllabes. — La copie picarde, ayant appartenu à un érudit du XVIIe siècle nommé Bigot, et dite pour cela Ms. Bigot, existe à la Bibliothèque Nationale dans le ms. fr. 1555, f. 50 vo » à 58 vo ; elle a été éditée par Crapelet en 1827 et en 1835. La