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Conte-moi longuement le coup infortuné
Qui ravit sans retour un bon maître à l’empire,
À Roxane… un époux… parle avant que j’expire.
Et visir sur le tout tâche de m’attendrir.
Ou bien devant tes yeux, tu vas me voir mourir.
La sensibilité me gonfle et m’assassine
Il faut l’évacuer… le sentiment me mine
Je perds mon embonpoint… parle donc.

Acomat

Je perds mon embompoint… parle donc.À l’instant
Où notre magnanime et sublime sultan
Quitta les murs sacrés du palais de Bizance,
Et que vers Babylone allant en diligence
Pour la dernière fois il vous fit ses adieux ;
Des larmes et des pleurs s’échappaient de vos yeux,
Malgré le mauvais temps vous prétendiez le suivre,
Vous voulûtes mourir, il vous força de vivre,
Oh ! que vous aviez chaud dans ce fatal moment !

Roxane

Ah oui ! c’était l’effet d’un noir pressentiment !
Il me faisait suer !

Acomat

Il me faisait suer !Je le pensais, Madame.
Hélas ! ce n’était point l’erreur d’une belle âme !
Ce noir pressentiment était le précurseur
D’un crime du destin qui l’égale en noirceur.
Écoutez en détail cette triste aventure :
Le sultan Amurat était dans sa voiture,