Et quoique la douleur soit poignante et fort vive,
Je sais me dire, il faut que tout le monde vive !
Ah ! que n’éprouve point un cœur comme le mien !…
Des animaux je suis le plus ferme soutien ;
J’ai toujours eu pour eux un faible irrésistible ;
Cela prouve pourtant que j’ai l’âme sensible.
Le malheur a des droits à ma compassion,
Que ne ferais-je pas dans cette occasion ?
Hélas ! pour adoucir votre amère souffrance,
Je me mettrais en quatre, en cette circonstance,
Mon cœur saigne, Madame, en voyant vos douleurs ;
Votre teint se flétrit, vous perdez vos couleurs ;
Il faut se chagriner, mais sans perdre courage…
À quoi pensez-vous donc ?
Roxane
Je pense au mariage…
Atalide
Quoi ! Madame, sitôt !…
Roxane
Voyez donc ! pourquoi pas !…
Atalide
L’hymen a donc pour vous de terribles appas ?
Moi, je crois que ce dieu nous attrape et nous leurre
Qu’il nous donne toujours plus de pain que de beurre…
Donc puisque votre époux vous est escamoté,
Jouissez en repos de votre liberté
Au lieu de rechercher un nouvel esclavage.