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Page:La Brière - Champollion inconnu.djvu/147

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Atalide

Je ne demande point ce que je deviendrai…
Je passerai le temps du mieux que je pourrai ;
Je deviendrai dans peu morte ou peut-être folle,
Mais si quelque pensée en ceci me console,
C’est de voir qu’adorant mes ordres absolus,
Vous aurez fait, seigneur, ce que j’aurai voulu.

Bajazet

Qui ?… moi… j’épouserais cette grosse figure,
Vrai type de poupard ou de caricature ?…

Atalide

Pourquoi médire d’elle, ô mon petit cousin !
Il ne se faut jamais moquer de son prochain ;
Je sais qu’elle a les yeux, la voix d’une harangère,
Et qu’elle est gracieuse ainsi qu’une mégère ;
Qu’elle a l’air dégagé, leste, comme une tour,
Et la taille avec ça faite comme un tambour ;
Je sais bien qu’elle prend du tabac comme un suisse,
Que son teint est toujours rouge comme écrevisse…
Au lieu qu’on voit en moi cette aimable pâleur
Qui marque des amours la charmante langueur…
Mais votre cœur par là me rendra mieux les armes…
Quand vous comparerez ses appas et ses charmes…
D’ailleurs le sacrifice en sera bien plus beau,
Faut-il que seule enfin, je souffre dans ma peau !…

Bajazet

Non, vous ne verrez point cette union cruelle…
Plus vous me commandez de vous être infidèle,