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lettres avaient un pouce et demie de haut et qui commençait par ce vers :
Vivitur hic truffis, haricotibus atque carottis.

Mais voici qui est plus grave :


Il s’est passé beaucoup de choses ici. Hier M. le Censeur a cassé la musique et rangé ses compagnies ; il donnait des coups de canne et de poing, à tort et à travers. Nous avons digéré cela patiemment. Les musiciens ont refusé de quitter leurs plumets ; enfin le censeur les leur voulait arracher, ils les ont mis en pièces, et ont pris des vestes salies et déchirées. Le soir, à la maison de campagne, tout le monde a pris de petits bâtons. Quand on a retourné au lycée, on s’est arrêté sur les remparts et on a rempli ses poches de pierres. On est allé souper et on a fait un train d’enfer. Le censeur craignant une révolte nous est allé faire faire notre prière dans les salles d’étude et nous a mené coucher. À 9 heures et demie on a lancé des pierres aux vitres des dortoirs après avoir éteint les lumières : on a toutes cassé les vitres. Le censeur est venu et a fait un discours qui n’a servi qu’à animer de plus en plus. Quand il s’est retiré on a cassé encore les vitres et les pots de chambre que l’on lançait contre les croisées. Le censeur ne savait que faire ; il a été à la garnison et placé des soldats dans le dortoir, la baïonnette au bout du fusil, pour embrocher le premier qui aurait bougé. On n’a plus brisé mais on criait à rompre la tête. On n’a pas dormi de toute la nuit. Je ne sais à quelle extrémité on se portera ; mais je ne m’en suis pas mêlé.


Il fallut ensuite payer les pots cassés.


Ils prennent pour prétexte que l’on a cassé à la maison de